Publié le Mercredi 4 juin 2025 à 12h00.

Contre les OQTF, pour la solidarité ! La haine ne passera pas

Mardi 27 mai, une assemblée générale s’est tenue à Paris à la Bourse du Travail, en soutien aux mineurEs isoléEs viséEs par des OQTF (obligation de quitter le territoire français). 

 

À partir du 10 décembre dernier, près de 400 d’entre elles et eux ont occupé la Gaîté Lyrique. Cette occupation a tenu plus de trois mois grâce à une mobilisation tenace. Ensemble, ils ont mis l’administration face à ses contradictions et ses illégalités. Malgré tout, le 18 mars, alors que les jeunes avaient accepté de partir pacifiquement au matin, une expulsion d’une violence extrême a été ordonnée par la mairie et dirigée par le préfet de police Nuñez. Depuis, les jeunes sont harcelés par la police et les autorités : ils chassent et traquent les migrantEs dans tout Paris, déchirent leurs tentes, les violentent. 

Des témoignages lourds

Ce même 18 mars, il y a eu beaucoup d’arrestations de mineurEs isoléEs, mais aussi de soutiens. Les mineurEs en parlent difficilement, mais ils dénoncent la différence de traitement entre les noirEs et les blancHEs. Ils ont été triés selon leur couleur de peau, expliquent-ils au meeting du 27 mai. Les uns mis à la cave, leurs papiers civils déchirés ou falsifiés, les empreintes prises de force ; les autres, à l’étage, ont eu droit à un simple relevé d’identité et sont ressortis rapidement. Treize d’entre eux ont été placés sous OQTF, obligés de pointer chaque jour au commissariat.

Le racisme d’État en action 

En parallèle, la préfecture multiplie les pratiques illégales : faux âges attribués aux jeunes pour les déclarer majeurEs ; convocations surprises ; dates d’audiences fixées sans délai raisonnable. Les « sas » d’hébergement proposés ne sont que des dispositifs transitoires sous surveillance de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiéEs et des apatrides) et de la préfecture, dans lesquels les jeunes peuvent être expulsés à tout moment après un « examen administratif ». Là encore, être mineur rend l’entrée dans ces sas impossible, obligeant les jeunes à se contredire dans leurs démarches pour avoir une chance de rester à l’abri.

Car ces jeunes ne devraient pas être sous OQTF. Iels sont encore mineurEs, en attente de jugements devant les tribunaux pour enfants. Pour être hébergéEs par l’Aide sociale à l’enfance, il leur faudrait se déclarer mineurEs. Mais pour obtenir un logement via les dispositifs du 115, il leur faudrait… être majeurEs. L’administration les pousse donc à se déclarer tour à tour mineurEs et majeurEs, selon ce qui l’arrange, afin de justifier les OQTF et contourner les obligations légales de protection.

L’extrême droite attaque

Le collectif Femmes 93, présent à l’AG, a rappelé que cette violence touche aussi les femmes, les mères isolées avec leurs bébés, laissées sans logement au nom d’une politique de tri cynique. Plusieurs d’entre elles ont témoigné : « même avec un bébé de 3 mois, on n’est pas prioritaires ». L’AG a aussi permis de rappeler les liens entre les jeunes de Belleville, la Maison des Métallos, les collectifs d’avocatEs, les soignantEs, les artistEs et les militantEs qui les accompagnent. Plus de 10 organisations étaient présentEs. Une belle solidarité !

Cette AG de solidarité a été la cible de l’extrême droite. Un groupe de militantes de Némésis, groupuscule raciste et « fémo-nationaliste », est venu perturber volontairement le meeting. Sous un vernis féministe, ces militantes sont en réalité des relais de Valeurs Actuelles et d’une droite identitaire qui cherche à criminaliser les mouvements de soutien aux migrantEs. Grâce à la réaction collective et déterminée des participantEs, la tentative d’intimidation a échoué et le meeting a bien eu lieu. Mais la répression, elle, continue : deux camarades ont été placés en garde à vue.

À bas les CRA !

Le meeting s’est conclu par un appel clair : continuer la lutte, multiplier les présences devant les centres de rétention (CRA), soutenir les mobilisations à venir, notamment au tribunal de Paris tous les mardis du mois de juin à 11 heures et le 9 juin pour une manifestation nationale exigeant la scolarisation de tous les enfants exiléEs. Car derrière les OQTF, il y a une machine à broyer les vies, à expulser dans l’indifférence, à nier les droits fondamentaux.

Face à cela, notre camp ne peut être que celui de la solidarité. Les attaques de l’extrême droite ne nous intimident pas. Leur présence aux AG, leurs provocations, leurs plaintes ne font que confirmer une chose : notre camp est le bon, et ils le savent. Nous continuerons à nous battre pour l’abrogation de toutes les OQTF, pour des papiers pour toutes et tous, pour la fin des CRA (centres de rétention administrative), et pour un accueil digne. À bas les frontières, à bas les CRA ! Vive la solidarité antifasciste et antiraciste !

Amel