Plus de cinq heures d’audition et pas une minute de sincérité, pas une minute d’empathie pour les victimes. Le 14 mai, François Bayrou avait une chance, infime, de se désolidariser d’un système, d’un continuum de violences : « Il a simplement voulu sauver sa peau », souligne une victime de Bétharram.
François Bayrou, la veille encore, assumait la gifle qu’il avait donnée à un enfant en direct à la télé en 2002 comme un « geste éducatif ». Ce que les victimes attendaient, c’est qu’un homme de pouvoir qui occupe une des plus hautes fonctions soit capable non seulement de dire la vérité pour lui-même mais aussi de porter un projet éducatif qui bannit les violences et le silence qui les entoure. Une occasion manquée, donc, malgré l’annonce de la création d’une autorité indépendante… au bout de 4 h 30 d’audition.
Ce continuum de violences, François Bayrou ne peut pas en parler. C’était, ou c’est, au fond pour lui la norme que des adultes soumettent des enfants pour les « éduquer ». Certaines formes paraissent acceptables dans certains milieux. D’autres moins, même si elles relèvent en fait de la même conception qui mène aux tabassages en règle, voire aux viols et agressions sexuelles qui sont, exactement comme le mouvement féministe l’a décrit, des instruments de domination ultimes.
Bayrou se cache la vérité et nous la cache. Bayrou ne peut pas tout certes, mais Bayrou ne peut rien tant il est en déphasage complet avec ce mouvement profond qui a commencé en 2017 avec MeeToo et qui est loin d’être fini. Bayrou a préféré l’omerta, le silence à la parole qui libère, à la vérité.
Car c’est tout un monde et un système qui s’effondre quand la parole démocratique se fait vraie. Bayrou, ses amis du gouvernement et ceux qu’ils représentent le savent bien. Mieux vaut faire des affaires loin des regards. Mieux vaut un conclave sur les retraites qu’une négociation avec la rue. Mieux vaut aussi donc une congrégation pour éduquer les enfants.
La parole ne saurait être étouffée bien longtemps sans effet sur celles et ceux qui se rendent complices du maintien de l’ordre… et de la soumission. Il revient à la justice la tâche de codifier ces changements. La preuve, une plainte, au moins, a été déposée contre la congrégation de Bétharram pour « crime contre l’humanité ».