Publié le Mercredi 16 juillet 2025 à 12h00.

Ni leurs canons ni leurs profits, reprenons la rue !

Depuis avril, le gouvernement, à commencer par le ministre des Finances, Éric Lombard — deuxième millionnaire du gouvernement — prépare l’opinion à de nécessaires économies, de l’ordre de « 40 milliards » pour le budget 2026. Le choix de ce chiffre en dit long sur la manière dont le gouvernement veut nous « beurrer les lunettes »…

Ces 40 milliards « correspondent à l’écart entre le déficit public visé et celui prévisible en prolongeant les tendances actuelles, sans nouvelles mesures. Si le Premier ministre était parti du budget 2025, selon la formule habituelle, le même effort aurait été chiffré à environ 24,5 milliards d’euros », décrypte Denis Cosnard1. Premier enfumage.

Autre enfumage, le conclave hypocrite sur les retraites, tandis que Bayrou et ses ministres matraquaient sur la dette et les économies et agitaient les « dangers extrêmes » et une « agonie » pour l’économie.

Le Premier ministre, illégitime, a cherché ancrer dans la tête de toutes et tous que nous devions payer ce « déficit » et que l’argent serait pris sur nos salaires socialisés : retraites, assurance chômage, congés payés, sécurité sociale, services publics… 

Une vieille politique de droite

Plusieurs études et rapports parus ces derniers jours sont pourtant venus contester par avance ses projets. Ainsi, la commission d’enquête sénatoriale « sur l’utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants » a conclu le 8 juillet2 qu’avec 211 milliards d’euros par an d’exonérations fiscales, d’allègement de cotisations ou de subventions directes aux entreprises, sans aucune contrepartie en matière de garanties d’emplois, les entreprises représentent le premier budget de l’État. 

Une politique dite « du ruissellement » par Macron, qui a fait la preuve de sa nullité, puisque l’Insee dévoilait le 7 juillet les chiffres de la pauvreté en France. En 2023, plus de 600 000 personnes ont basculé dans la pauvreté, du jamais-vu depuis 1996, avec les jeunes actifs en première ligne. 

L’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) démontrait, dans un document de travail rendu le 11 juillet, que depuis 2017 le creusement du déficit était dû à la baisse des recettes, notamment des prélèvements obligatoires (comprendre les impôts) et non des dépenses, comme le gouvernement cherche à nous le faire croire… 

Face à cela, aucun institut économique sérieux ne s’attend à une embellie économique. Bien au contraire ! Le chômage et la pauvreté devraient encore augmenter et les inégalités se creuser… 

Déjà vu

En commençant, mardi 15 juillet, par confondre à dessein, cotisations sociales (qu’il appelle charges sociales — tout ce qui relève en fait du salaire socialisé) et impôts (qui reposent sur l’ensemble des revenus), il donne le cap : celui d’un programme de guerre sociale contre les travailleurEs, et notamment l’assurance chômage.

Bayrou annonce la « simplification des procédures bureaucratiques qui asphyxient les entreprises, les foyers et les personnes » et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, suppression de 2 jours fériés, un nouveau conclave de démantèlement de l’assurance chômage et du droit du travail… Le rognage en règle s’apparente à un dépeçage social, un massacre écocide (à l’image de l’adoption de la loi Duplomb) et un hold-up démocratique. Du déjà-vu, en pire ! Toute comme la « contribution de solidarité » pour les Français « les plus fortunés », dont on sait qu’elle n’aura aucune conséquence…

Et comme si cela ne suffisait pas, Macron a promis, lors du 14 juillet, de porter le budget des armées à 64 milliards d’euros en 2027, soit deux fois plus qu’en 2017. À la guerre sociale, s’ajoute le militarisme qu’il leur faut financer sans prendre sur les profits. 

Il est plus qu’urgent de préparer la rentrée syndicale et politique de façon unitaire, de reprendre la rue, de reprendre les droits démocratiques usurpés. Tous ensemble, nous, travailleurEs avec ou sans emploi, du privé ou du public, ne nous laissons pas voler notre sécu, notre assurance chomâge, nos droits sociaux, pour les canons et les profits. 

Dehors Bayrou ! Tous ensemble, reprenons la rue !

Fabienne Dolet

 

  • 1. Denis Cosnard, « Budget 2026 : les 40 milliards d’euros, un fétiche politique très contesté », Le Monde, 14 juillet 2025.
  • 2. Mathias Thépot, « 211 milliards d’euros par an : les entreprises gavées aux aides publiques », Mediapart, 8 juillet 2025.