La torpeur estivale ne semble pas gagner les travailleurEs. Pas encore. Signe d’une colère froide et saine : la pétition contre la loi Duplomb, adoptée le 8 juillet par une procédure administrative, comme la Constitution de la 5e République semble en receler plein.
Les motivations des près de 2 millions de signataires de la pétition peuvent être nombreuses et diverses, mais une chose est sûre : ils et elles ne sont pas dupes et étaient disposéEs à le faire savoir.
Un rebond citoyen
Un rebond citoyen dont nos « représentants politiques » ne devraient pas s’étonner, tant depuis la réélection d’Emmanuel Macron en 2022, ils ont chaque année cherché jusqu’où ils pouvaient pousser le bouchon : 23 articles 49.3, dont un pour faire la réforme honnie des retraites en 2023 ; une dissolution qui sert à l’extrême droite le pouvoir sur un plateau en 2024 ; et toute une série de lois sur l’assurance chômage, l’écologie, le nucléaire, le logement, le budget, l’éducation aussi inutiles que dangereuses… qui avaient déjà commencé sous Hollande et Sarkozy (voir l’article sur la casse du code du travail, page 6). Et ça commence à se voir vraiment sérieusement…
Pas dupes, donc, des procédures d’adoption, des entourloupes idéologiques, des discours sirupeux servis 15 fois au moins quand toutes les études scientifiques, économiques, sociales (et ce, en dépit de la casse de l’enseignement supérieur et de la recherche) montrent un creusement sévère des inégalités à cause de la politique menée sous Macron.
Après avoir brandi la peur de l’extrême droite pour se faire élire et lui avoir ensuite servi de marchepied, voilà que Macron cherche à nous effrayer avec la menace russe pour nous faire avaler sa politique militariste (voir article page 6). Il continue, inventif en matière de bobards pour faire passer un budget d’économie de 43,6 milliards d’euros pris essentiellement sur le dos des travailleurEs. Les plus pauvres morflent, les autres sont de plus en plus pénaliséEs par l’inflation et se demandent où ça va s’arrêter.
La pétition de huit organisations syndicales
Alors, la bataille se prépare. Huit organisations syndicales viennent de lancer une pétition « Budget Bayrou : ça suffit ! » en guise de préparation de la mobilisation. Sophie Binet pour la CGT avait parlé de « reculs inacceptables », quand son homologue de la CFTC pointait des « efforts ni partagés ni équitables » demandés par le Premier ministre.
Certes, ce n’est pas le grand soir qui se prépare, mais l’unité des forces syndicales est déjà encourageante pour construire la digue face aux projets antisociaux de Bayrou. La mobilisation par la grève et dans la rue s’annonce nécessaire pour montrer que le monde du travail est une force sociale qui compte économiquement, socialement et politiquement. Reste à déterminer où est la limite entre le négociable et le non-négociable. D’où l’importance de l’auto-organisation, de discuter entre collègues pour savoir ce qui est acceptable ou non et le faire savoir.
Car nous avons surtout besoin d’une force collective, à la base, unie, qui soit en capacité de prendre confiance et d’affirmer haut et fort ses revendications, du refus des projets gouvernementaux à la perspective émancipatrice en passant par le partage des richesses et du travail.
L’alternative politique
Faute d’une mobilisation puissante en nombre, mais aussi déterminée et claire sur ses exigences, les travailleurEs ne seront entenduEs que par la voix des députéEs ou des dirigeants syndicaux. Et celle-ci est bien trop souvent étouffée par les institutions de la 5e République dont la bourgeoisie s’est dotée pour parvenir à ses fins et maintenir sa mainmise sur l’économie.
Si nos mobilisations ne trouvent pas d’issue politique, à la hauteur de ce que nous représentons dans le pays, comme c’est le cas depuis le mouvement des Gilets jaunes sévèrement réprimé, alors nous butons sur un obstacle.
Le NFP, créé il y a un an, a représenté un espoir. Il ne pourra continuer à exister que si le monde du travail exprime ses exigences dans l’unité et la radicalité. Le monde du travail doit non seulement se défendre mais gagner de nouveaux droits démocratiques pour imposer des politiques en faveur de l’égalité et du vivant. Bayrou, Macron dehors. L’alternative politique, c’est nous ! Toustes ensemble !
Fabienne Dolet