Les 15, 16 et 17 septembre c’était la fête de l’Humanité. Les médias se sont focalisés sur la bataille à distance entre la direction du PCF et Mélenchon. À distance, car pour la première fois depuis 2005 (année de la campagne contre le Traité constitutionnel européen), Mélenchon a fait le maximum de bruit, non pas dans la fête mais en la boycottant.
Jean-Luc Mélenchon a, en-effet, choisi de se rendre à La Réunion plutôt que de venir discuter avec des militantEs du PCF, qui se sentent d’autant plus de droits de lui demander des comptes qu’ils et elles ont largement contribué à ses campagnes électorales, présidentielle 2012, européenne 2014, et même, avec moins d’enthousiasme, présidentielle 2017. Son absence est donc ressentie comme un geste de mépris provocateur par des milliers de militantEs qui tenaient à montrer que, contrairement à ce dont rêve Mélenchon, il faut toujours compter avec le PCF.
Au-delà des déclarations fracassantes
De fait, l’organisation et la tenue de centaines de stands ne sont possibles que grâce à l’engagement de milliers de militantEs qui ont vendu des dizaines de milliers de billets, organisé des montées collectives, monté et animé les stands sur un plan festif et politique. Réunir dans ces conditions des centaines de milliers de personnes (550 000 selon le PCF), dont une part significative de jeunes, témoigne d’une importante vitalité… Même si une partie du public de la fête de l’Huma vient davantage pour les concerts, c’est en sachant qu’il s’agit d’un cadre politique, et beaucoup prennent les tracts, voire s’arrêtent échanger avec des militantEs ou écouter un débat.
Derrière les déclarations plus ou moins fracassantes de Mélenchon, Corbières ou Laurent, la tension est d’autant plus forte qu’ils se battent pour une orientation qui diffère davantage sur les alliances à gauche que sur le fond : un antilibéralisme qui ne remet pas en cause le capitalisme qu’ils veulent « dépasser » en respectant les institutions et la propriété privée qui le protègent. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dans les dizaines de débats organisés par le PCF, auxquels ont participé des représentants de la FI, d’Ensemble, des hamonistes ou même Boris Vallaud, le nouvel espoir de Hollande pour ressourcer le PS, le NPA n’a pas été invité, ni les camarades de Lutte ouvrière, également présents. Ce n’est pas de notre côté que les directions du PCF ou de la FI regardent, autrement que pour nous proposer de les rallier. Mais le débat politique pour eux c’est non merci.
Préparer l’affrontement avec le gouvernement
Ce qui n’est pas le cas des milliers de personnes qui sont passées au stand du NPA. Certaines pour écouter les débats, que nous aurions voulu avoir également avec les autres forces politiques présentes, autour de l’actualité des leçons de la révolution russe, de la dénonciation des jeux Olympiques du fric, ou de la stratégie de construction de la mobilisation pour préparer l’affrontement avec le gouvernement sur le terrain social et politique. D’autres, très nombreux également, ont tenu à exprimer chaleureusement la satisfaction que leur a procuré la campagne de Philippe Poutou, en lui recommandant de « ne rien lâcher ». C’était aussi le message du chanteur HK qui a fait monter l’ex-candidat du NPA sur scène lors de son dernier morceau. Alors non, le NPA ne lâchera rien, et continuera de proposer des cadres ouverts de discussion et de mobilisation pour construire la nécessaire riposte unitaire à l’offensive de Macron.
Cathy Billard