Après le discours du Bourget, François Hollande a détaillé jeudi 26 janvier, lors d’une conférence de presse et à la télévision, les « 60 engagements pour la France » qu’il entend mettre en place s’il est élu. On connaissait déjà depuis plusieurs mois le projet du PS pour 2012, on connaissait aussi le nom du « candidat du changement », voici donc maintenant le programme qui va « donner du sens à l’austérité »...La relance des entreprises... Celui qui s’est présenté au Bourget comme l’adversaire du monde de la finance nous présente ses mesures offensives... avant tout pour réduire les déficits publics. L’objectif est de les ramener à 3 % dès 2012 puis à 0 % en 2017. Pour cela, les bonnes vieilles recettes pour relancer la croissance sont ressorties, notamment en augmentant la compétitivité des entreprises. Création d’une banque publique d’investissement, aides publiques et allègements fiscaux orientés vers « les entreprises [...] offensives à l’exportation », et mise en place de trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 30 % pour les PME, 15 % pour les très petites entreprises et 35 % pour les grandes entreprises (moins de 2 % d’augmentation par rapport au taux actuel). On est bien loin des 50 % d’imposition sur les bénéfices des grandes entreprises qui existaient encore en France en 1985. Dis-moi qui tu aides et je te dirai qui tu es. … mais pas celle de l’emploiEn créant 150 000 emplois d’avenir pour l’insertion des jeunes, sa prétendue priorité, Hollande divise par deux le nombre prévu dans le projet présidentiel de son parti.
De plus, il confirme les 60 000 emplois dans l’éducation, mais il s’agit de redéploiements de postes pris dans d’autres fonctions publiques. Car sur les 30 000 départs à la retraite annuels non remplacés actuellement, 12 000 deviendront donc des « créations » annuelles de postes dans l’éducation et 1 000 autres dans la police et la justice. 17 000 départs seront donc non remplacés dans la fonction publique chaque année. On réduit l’hémorragie mais elle continuera, c’est promis...
Et surtout, Hollande ne propose rien pour augmenter le Smic, rien pour les salaires, pensions et minima sociaux, pourtant la première urgence pour des millions de salariéEs et pour l’ensemble de la population.Défaire ce qu’a fait la droite ? Car le fond du problème, c’est que le candidat qui promet que « le changement c’est maintenant » ne s’engage pas à défaire ce que Sarkozy et ses amis nous ont imposé depuis plusieurs années.
Ainsi, au niveau de la fiscalité, s’il promet de s’en prendre à quelques niches fiscales qu’il entend réduire, il veut créer une nouvelle tranche supérieure pour l’impôt sur le revenu qui ne concernerait que les 0,5 % les plus riches, c’est-à-dire une infime minorité. On est bien loin de la « révolution fiscale » promise.
Au niveau des retraites, une des mobilisations emblématiques du quinquennat de Sarkozy, Hollande défend la retraite à 60 ans... pour celles et ceux qui auront leur 41 annuités, avalisant au passage le recul fondamental du nombre d’annuités imposé par la droite aux salariéEs du public comme du privé.
Enfin, sur le terrain de l’écologie, c’est morne pleine. La catastrophe de Fukushima n’a pas atteint un Parti socialiste qui se contente de proposer la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 % « à l’horizon 2025 », tout en achevant – évidemment – la construction de l’EPR de Flamanville.
Alors, si le programme de Hollande propose quelques avancées sociétales comme le mariage homosexuel et le droit de vote des étrangers aux élections municipales, soyons convaincuEs que ce n’est pas cette gauche-là qui améliorera sensiblement le sort du plus grand nombre. Et en mai 2012, une fois Sarkozy chassé – ce que celui-ci aura bien mérité – il faudra résolument construire une opposition anticapitaliste et populaire à ce que nous promet aujourd’hui Hollande.
Manu Bichindaritz