Le conseil municipal du 17 mai a mis un éclairage cru sur la politique réelle du PCF quand il gère une ville. Deux points importants à l’ordre du jour : l’ouverture des magasins le dimanche et des vœux présentés par Gennevilliers pour Tous, groupe local unitaire qui a obtenu deux élus avec près de 10 % des voix et où milite le NPA (1 élue). Ces vœux portaient sur la solidarité avec les habitants expulsés par la préfecture d’un immeuble appartenant à GDF. Premier dossier : ouvrir tous les dimanches une zone commerciale (Fnac, Décathlon, C&A, etc.). Dossier défendu par Roland Muzeau, député et 1er adjoint, porte-parole du PCF pendant le débat à l’Assemblée nationale de la loi sur le travail du dimanche qu’il a su critiquer, dénonçant civilisation du caddy, chantage à l’emploi, impossible liberté de choix des salariés, « un coup de canif de plus dans notre droit du travail et un coup de couteau de plus dans le dos des salariés, véritable recul de société ». Mais dans sa ville, ses arguments se renversent. Il faudrait craindre la perte de 129 emplois, les comités d’entreprise et les salariés seraient d’accord et – argument massue – c’est ouvert chez les voisins, Gennevilliers est obligé de le faire… Pour être classé en Puce (périmètre de consommation exceptionnelle), il faut une habitude antérieure d’ouverture, donc une prime à l’illégalité : ça tombe bien, la municipalité avait donné, il y a deux ans, son accord à l’ouverture tous les dimanches dans cette zone… Cette différence entre les discours généraux et la pratique sur le terrain s’explique par la volonté de la municipalité d’attirer les entreprises dans la commune, en faisant des cadeaux aux patrons, comme l’autorisation pour le travail du dimanche. Ici, le PCF, majoritaire, n’a pas même l’excuse de la pression de ses alliés PS et Verts. Seuls les deux élus Gennevilliers pour Tous et deux PS ont voté contre. Les groupes membres de la majorité ne se risquent jamais à exprimer un avis différent. Et pourtant quelques-uns ont aussi osé soutenir nos vœux demandant un soutien à la lutte des expulsés de l’immeuble GDF, en particulier la demande d’un local provisoire pour s’abriter décemment tant qu’ils n’auront pas obtenu un relogement. Sur cette lutte, voir Tout est à nous ! n°54 et la vidéo sur le site NPA.La municipalité a toujours refusé d’apporter un soutien à ces expulsés pour leur relogement, consentant seulement à intervenir lors de l’arrestation de sans-papiers. Elle a même organisé une contre-manif à un rassemblement de soutien aux expulsés dénonçant « une manœuvre politicienne du NPA ». Sa justification : « C’est à la préfecture de s’occuper du problème, on a déjà assez à faire avec les Gennevillois mal logés. »Apparemment des familles qui habitent depuis six ans dans la ville, même dans un squat, ne sont pas des Gennevillois. Leur tort peut-être, n’avoir pas le droit de vote.Au nom donc de leur conception privative de la citoyenneté, ils mettent des frontières à la solidarité avec les exploités.Ces abandons entraînent dans une partie du « peuple de gauche » résignation devant les attaques gouvernementales, cynisme : « les politiques tous pareils », et racisme de basse intensité : « on ne peut pas accueillir toute la misère » ou « on en loge déjà bien assez comme ça ». Pour ressouder sa majorité et les militants, le maire a eu recours aux bonnes vieilles méthodes staliniennes face aux deux élus de l’opposition de gauche : insultes et interruptions de parole. Ces méthodes sont toujours de mise, même pour un « communiste unitaire », quand il y a opposition à gauche. Cette modeste expérience doit faire réfléchir sur la réalité de ce parti loin des discours de congrès ou de fêtes de l’Huma.Isabelle Guichard