La sixième conférence de presse de François Hollande fut une claire illustration de la politique du gouvernement en cette rentrée, hypocritement placée sous le signe de l’indignation et de la commisération, masquant mal de nouveaux pas dans la guerre antisociale, contre les peuples...
En politique internationale, c’est la poursuite d’une politique impérialiste qui persiste à continuer de défendre et justifier les interventions en Afrique au nom de la défense des intérêts de la France et de la lutte contre le terrorisme. Ainsi, la photo d’Aylan n’aura eu comme seule conséquence l’acceptation du nombre dérisoire de 24 000 réfugiéEs dans le cadre d’une cynique « répartition » européenne qui n’ose pas se donner le nom de quota. Elle sert surtout de justification au début d’une intervention militaire en Syrie, une nouvelle fois au nom de la lutte contre le terrorisme, seul responsable des guerres.
Mais, poussant toujours plus loin le cynisme, Hollande en fixe les conditions pratiques : contrôle aux frontières de l’Union européenne, pour n’accepter que celles et ceux qui relèvent du droit d’asile au regard des critères gouvernementaux, et développement de camps au « plus près de leur pays » pour accueillir celles et ceux qui fuient violences et guerres...
« Permettre [...] une meilleure adaptation du droit du travail à la réalité des entreprises » (Hollande)
Le deuxième dossier de rentrée concerne le droit du travail. Là aussi, le gouvernement veut poursuivre sa politique faite de défense des intérêts patronaux et d’attaques contre les droits des travailleurEs. Alors que la loi Macron n’est pas encore totalement en application, loi dont les dispositions en matière d’indemnisations des salariéEs licenciés ont été partiellement bloquées par le Conseil constitutionel, Hollande poursuit la course à la déréglementation des droits des salariéEs.
« Évidemment » pas question de revenir sur les cadeaux liés au crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Le cœur du projet en matière de droit du travail consiste en l’abandon de la hiérarchie des normes, les accords d’entreprises, de branches devant pouvoir prendre le pas sur les dispositions légales. Dans le collimateur, la durée légale du travail à laquelle il sera possible de déroger au prétexte de prétendues difficultés de l’entreprise. Et, dans la foulée, l’organisation du travail avec la multiplication des horaires mortifères.
La nécessité d’accords majoritaires est présentée comme garantie pour les salariéEs. Mais au regard de la faiblesse, voir de l’absence syndicale notamment dans les PME-TPE, de l’affaiblissement des instances représentatives du personnel lié aux lois Macron-Rebsamen et des orientations de nombres de structures syndicales, le chantage à la fermeture d’entreprise risque d’avoir souvent raison des résistances des travailleurEs.
« Hôstérité » généralisée
La rentrée antisociale du gouvernement est complétée par l’annonce de 2 milliards de nouvelles « économies » dont le détail est resté dans l’ombre. Nous en connaissons déjà les ressorts : nombre de postes manquants dans l’Éducation nationale, « hôstérité » dans la secteur hospitalier et PPCR (Parcours professionnel, carrières et rémunérations) dans l’ensemble de la fonction publique.
Au total, une rentrée gouvernementale entièrement placée sous l’égide des diktats de la bourgeoisie, du patronat. Une politique d’austérité qui a vraiment fait ses preuves : maintien voire progression du chômage, détérioration des conditions de vie et de travail de la grande majorité des salariéEs... et progression des dividendes pour les membres du CAC40 !
Construire les ripostes
C’est bien au regard de l’amplification délibérée de ces attaques que nous devons apprécier les échéances de ripostes prévues. Mobilisation dans le secteur hospitalier le 17 septembre, initiatives contre la répression les 23 septembre et 16 octobre, actions dans le commerce notamment à l’initiative du CLIC-P, et journée nationale de mobilisation CGT-FSU-Solidaires le 8 octobre. Des ripostes trop éclatées en terme de dates et de thèmes revendicatifs.
Il ne suffit pas de dénoncer de façon générale la politique gouvernementale, il faut aussi partir des conséquences concrètes de cette politique en matière de salaires, de conditions de travail. Et dans le même temps se dégager de tout accompagnement de cette politique en refusant toute participation au « dialogue social », habit déjà bien usé de la collaboration de classes.
Robert Pelletier