Avec les « Uber Files », révélés par une équipe de médias et de journalistes membres et partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), on en a appris de belles sur Emmanuel Macron. Alors qu’il était ministre de l’Économie, le désormais président a en effet joué un rôle de facilitateur pour la firme Uber dans le cadre de son implantation en France, alors qu’elle rencontrait des difficultés juridiques, voire judiciaires.
« Meeting méga top avec Emmanuel Macron ce matin. La France nous aime après tout. » Tel est le contenu du SMS envoyé par Mark MacGann, lobbyiste en chef d’Uber pour la zone Europe, après une entrevue, le 1er octobre 2014, de plusieurs cadres du groupe, dont le fondateur-PDG Travis Kalanick, avec Emmanuel Macron. Un SMS qui fait partie des milliers de documents révélés par l’ICIJ, et qui est exemplaire de la relation fusionnelle qui s’est établie, durant les années 2014-2016, entre Macron et Uber.
Macron est ainsi intervenu à plusieurs reprises pour appuyer Uber afin de, comme le résume une formule de Macron exhumée par le Monde, « faire en sorte que la France travaille pour Uber afin qu’Uber puisse travailler en et pour la France ». Tout un programme ! Et c’est ainsi qu’un ministre de l’Économie a été un rouage essentiel – parmi d’autres ! – dans l’installation d’un groupe capitaliste destructeur des droits sociaux et des conditions de travail, mettant au profit de ce dernier les moyens de l’État.
Lors de la parution des « Uber Files », certains ont adopté la posture du : « Et alors, qui est surpris qu’un ministre capitaliste serve les intérêts des capitalistes ? ». Tandis que du côté de la Macronie, on s’est répandu benoîtement en commentaires du type : « Rien de plus normal qu’un ministre de l’Économie qui œuvre au développement de l’économie ». Circulez, y’a rien à voir ?
Deux postures en réalité symétriques, qui relativisent chacune à leur façon ce fait essentiel : ce que les « Uber Files » confirment de manière éclatante, c’est à quel point les ultra-libéraux, qui n’ont de cesse de réclamer « moins d’État », savent utiliser l’État, comme s’il était leur propriété personnelle, lorsque cela peut arranger leurs intérêts. Les « Uber Files » sont un exemple exemplaire de ce qu’est le monde selon Macron et les siens : copinage, dissimulation, exploitation. L’expression d’un capitalisme de plus en plus débridé et prédateur, servi par un personnel politique à son image, dont il est plus que temps de se débarrasser.