Publié le Mercredi 9 mars 2022 à 11h43.

Le candidat Macron annonce la couleur

Le jeudi 3 mars, via « une lettre aux Français » publiée dans la presse régionale, Macron a donc officialisé ce que tout le monde savait : sa candidature à sa réélection. À quelques semaines du premier tour, Macron, après avoir été en « guerre » contre le Covid, entend surfer sur l’invasion de l’Ukraine pour se positionner en tant que protecteur des peuples. Mais la politique qu’il esquisse dans sa lettre de candidature est bel et bien celle d’un protecteur des riches.

 

C’est donc désormais officiel, Macron est bien candidat à sa réélection. Pas vraiment de suspens dans cette annonce. Mais au vu du contexte international, Macron affirme que, plus que jamais, il veut rester « président jusqu’au bout », tout comme Sarkozy et Hollande l’avaient promis. Et il prend également prétexte de la guerre en Ukraine pour indiquer qu’il ne pourra « mener campagne » comme il l’aurait souhaité et se refuse donc à tout débat avec les 11 autres candidates et candidats. Seul le second tour l’intéresse, semble-t-il. En terme de démocratie, on a vu mieux. Sa lettre de candidature et la vidéo du lendemain montrent par ailleurs sa volonté de continuer la même politique en pire, en particulier sur ce que la pandémie ne lui a pas permis de faire pendant son premier quinquennat. Le tout en tirant un bilan positif de ces cinq dernières années…

 

Satisfecit

À n’en pas douter, Macron ne doit pas vivre sur la même planète que la majorité de la population quand il ose prétendre être le président du « pouvoir d’achat retrouvé » et que : « Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans. Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants… » Rien que ça…

Sa mémoire est courte, mais pas celle de toutes celles et tous ceux qui ne cessent de survivre. Le véritable bilan de Macron c’est près de 6 millions de personnes à Pôle emploi et, dans le même temps, des profits faramineux pour le CAC 40 : 137 milliards d’euros en 2021, plus encore qu’avant la crise ! Pour la majorité de la population, ce sont les fins de mois qui arrivent de plus en plus tôt, toujours plus de précarité, toujours plus d’inégalités et des coups de matraque pour celles et ceux qui protestent. Lors de sa première réunion en tant que président-candidat, il a de nouveau fait une promesse pour prétendument augmenter le pouvoir d’achat du plus grand nombre : la suppression de la contribution à l’audiovisuel public. Une fois encore, Macron use d’une proposition démagogique qui est, pour le coup, déjà avancée par les deux principaux candidatEs d’extrême droite, mais en oubliant de dire comment dans ces conditions on peut garder des médias du service public… sans doute un détail, mais qui va faire la joie de Bolloré entre autres.

Ne rien changer

À la lecture de sa lettre, on comprend que Macron annonce qu’il exigera de nouveaux sacrifices pour les salariéEs. En effet, selon lui, « il nous faudra travailler plus et poursuivre la baisse des impôts pesant sur le travail et la production ». Et il revient à sa contre-réforme des retraites, qu’il entend faire passer le plus rapidement possible. Entendez par là par ordonnances, et sans doute, s’il est réélu, dès cet été, comme il l’avait fait contre le code du travail en 2017. Pour lui, « c’est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves. » Enlever les acquis sociaux pour maintenir notre modèle social : il fallait l’inventer, il l’a fait.

Mais ce n’est pas tout. Il compte mettre l’accent sur « la méritocratie républicaine » en reprenant toujours à son compte le discours de la droite et également de Zemmour. En expliquant entre autres que les devoirs passent avant les droits concernant la citoyenneté…

Évidemment, cette candidature et cette esquisse de programme ne sont pas un scoop. Nous devons nous attendre, si Macron était réélu, à toujours plus d’attaques contre la majorité de la population. Plus que jamais, le NPA et son candidat Philippe Poutou défendront, pendant cette campagne présidentielle, un programme d’urgence, mais aussi de rupture et de luttes, qui assume le fait que les mesures proposées ne pourront être imposées à la classe dominante qu’avec des mobilisations d’ampleur.