La bataille interne continue à l’UMP. Elle avait commencé sur le terrain juridique, elle continue sur le positionnement par rapport au FN.
Dès la sortie de la présidentielle de 2012, Fillon avait tenté de mettre en cause Sarkozy dans l’affaire du paiement par l’UMP de l’amende concernant le dépassement du plafond des dépenses autorisées pendant la campagne. À cela, Sarkozy a récemment répondu : « La récré est finie. Les élections primaires ont été annoncées, mon nouveau parti va être lancé. La machine est en marche. Jusqu’à maintenant, j’ai fait le gentil, maintenant, je ne vais plus laisser respirer mes concurrents. »...
Comment concurrencer le FN ?
La direction nationale de l’UMP, qui reste le représentant politique principal de la bourgeoisie française, perçoit le FN comme un danger. En effet, le grand patronat refuse la remise en cause de l’Union européenne et de l’Euro. De plus, si nous savons que le FN est en réalité au service du grand patronat, il est insupportable pour l’UMP et la bourgeoisie qu’il parle de revaloriser le Smic.
De plus, les anciens chiraquiens que sont Fillon, Bertrand et le principal, Alain Juppé, appellent à voter PS contre le FN, alors que le clan Sarkozy défend un « ni PS ni FN ». Ce positionnement est en réalité un appel à l’électorat le plus réactionnaire : Sarkozy compare le programme du FN à celui de Mélenchon, déclare comprendre ceux qui veulent « rester Français en France », se positionne contre les « repas de substitution » à la cantine, indique que voter FN est respectable et qu’il faut faire barrage au PS au second tour.
Et Laurent Wauquiez de surfer sur les préjugés réactionnaire en accusant Taubira d’être responsable de l’assassinat de Calais, « mêlant confusion et purs bobards », tandis que Brice Hortefeux conclut de la mort des 800 migrantEs qu’il faut renforcer la répression contre l’immigration...
Un partage des rôles ?
Au sein de l’UMP, on garde cependant un accord profond sur les politiques antisociales : en finir avec les 35 heures, le statut de la fonction publique (sauf dans la police et l’armée…), la suppression de l’impôt sur la fortune… À tel point que les divergences ressemblent finalement à un partage des rôles. Juppé et Fillon regardent vers l’UDI et les déçus du PS, tandis que Sarkozy drague les électeurs du FN. La primaire pour la désignation du candidat en 2017 aura alors pour rôle de trancher le point d’équilibre et de rassembler toute la droite. La modique cotisation de deux euros pour y participer permettra aussi d’élargir la sphère d’influence.
Le changement de nom du parti en « Les Républicains » a également cet objectif, augmenter l’influence. La référence aux Républicains étatsuniens n’y est pas neutre, primaire et changement de nom ont pour objectif de renouer avec le bipartisme. C’est d’ailleurs un des arguments : abandonner le nom UMP permettrait d’après Sarkozy de retirer des armes au FN lorsqu’il dénonce l’UMPS. Et Sarkozy de surfer sur l’union nationale : « Quand j’étais président de la République, je n’aurais pas dû parler d’identité nationale mais dire que je voulais défendre les valeurs de la République ».
Reste à savoir si tout cela permettra à Sarkozy d’éviter deux difficultés : faire oublier sa politique désastreuse, ses attaques systématiques contre les travailleurs ; faire croire que l’on a maintenant la solution à la crise économique, politique et sociale, alors qu’on a eu tous les pouvoirs pendant cinq ans et que la situation de la grande majorité de la population s’est dégradée...
Antoine Larrache