Le vote des militantEs du PCF vient de confirmer mais à une majorité plus restreinte que lors de la Convention nationale, le choix de Mélenchon pour représenter le Front de gauche.À l’issue de la consultation des adhérents du PCF, sans surprise, Jean-Luc Mélenchon a été élu candidat du Front de gauche pour 2012 par 59,12 % des votants. Une conclusion mal acceptée par bien des militants qui y voit l’affaiblissement et l’effacement de leur parti.
Ce vote confirme celui de la Convention nationale (avec alors 63,6 % des voix), le 5 juin dernier. Pierre Laurent y voit un « choix clair, net et massif ». Mais les deux candidats opposés à Mélenchon, André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme, et Emmanuel Dang Tran, responsable d’une section PCF parisienne, opposé au Front de gauche, obtiennent respectivement 36,82 % et 4,06 %. Dans certaines régions, la contestation s’est exprimée plus fortement. André Chassaigne avait reçu le soutien d’André Gerin, candidat dit « orthodoxe », pour mettre en échec le Front de gauche. Il obtient la majorité absolue dans dix-sept fédérations et devance Mélenchon dans cinq des principales fédérations du parti, le Nord, le Val-de-Marne, le Pas-de-Calais, le Rhône ou la Seine-Maritime. Par ailleurs, sur les 138 000 adhérents dont se revendique le PCF, seuls 69 227 étaient à jour de cotisation et pouvaient participer à la consultation. 48 636 l’ont fait.
La direction du PCF tente de faire bonne figure pour resserrer les rangs autour de l’ancien ministre socialiste. « À Jean-Luc, désormais notre candidat, je veux dire la valeur de notre engagement et de celui de tous les communistes », a déclaré Pierre Laurent. « Je sais que tu mesures la responsabilité qui est la tienne, tu peux compter sur nous [...] pour une grande et belle bataille unitaire, rassemblée, nous y veillerons ensemble ». André Chassaigne a appelé les contestataires à jouer le jeu : « Quel qu’ait pu être notre choix pour la désignation du candidat du Front de gauche, entrons et participons sans retenue à la bataille qui s’engage. » C’est tout l’intérêt de l’appareil du parti et de ses élus. L’accord sur le nom de Mélenchon pour la présidentielle était assorti d’un accord sur les législatives lui réservant près de 80 % des circonscriptions. Est-il besoin de rappeler que l’élection d’éventuels députés passe nécessairement par un accord avec le PS ?Ce pacte donnant-donnant permet à la direction du PCF de justifier auprès des militants son choix mais il ne suffit pas à masquer la réalité d’un rapport de forces qui ne cesse de se dégrader pour un parti très affaibli contraint de s’effacer.DéclinIl faut remonter à 1974 pour trouver une présidentielle sans candidat PCF. Ce dernier avait alors fait le choix de sacrifier ses propres intérêts sur l’autel de l’Union de la gauche. Depuis, ses scores n’ont cessé de reculer, dégringolade accélérée par ses deux participations gouvernementales sous Mitterrand d’abord puis sous Jospin. Si en 1981, Georges Marchais obtenait 15,3 %, André Lajoinie 8,6 % en 1988, puis Robert Hue 3,37 % en 1995 et 2002, Marie-George Buffet, en 2007, s’effondrait à 1,93 %.
Grâce au Front de gauche, le PCF espère sauver l’essentiel pour lui, ses élus. Mais il ne peut en fait qu’accentuer son déclin. Mélenchon, loin d’être son sauveur, refait le coup de son mentor, Mitterrand, une OPA qui n’a d’autre objectif que de servir ses ambitions personnelles. Il ne peut être un candidat pour regrouper les anticapitalistes pas plus que le FdG ne peut leur offrir un cadre politique. Ils ne représentent en rien une alternative indépendante du PS dont ils auront besoin pour les élections législatives. Leur stratégie s’inscrit dans la perspective d’une nouvelle union de la gauche, leur programme dans celle de la « révolution par les urnes ».
Nous regrettons le choix de la Fédération pour une alternative sociale et écologique, la Fase, de rejoindre le FdG et de soutenir Mélenchon. Dans les élections à venir comme tous les jours dans les quartiers et les entreprises, nous voulons continuer notre bataille pour regrouper les anticapitalistes, aider à l’unité du monde du travail et de ses organisations, porter ses aspirations et ses exigences, le refus de payer les frais de la crise, l’annulation de la dette au nom de laquelle les banques et les États étranglent les peuples.
Yvan Lemaitre