Le gouvernement et le Medef ont réussi à imposer leur réforme ferroviaire malgré la combativité, la détermination des cheminotEs qui ont toute raison d’être fiers de leur lutte qui a tenu malgré la campagne hostile menée par le pouvoir et les médias.
Loin d’être « inutile » comme le prétend Valls, leur grève est une étape pour changer le rapport de forces. Elle a contraint le gouvernement à mettre bas le masque du dialogue social. Elle a montré la voie.
Le gouvernement contre les travailleursValls et Hollande ont voulu l’affrontement avec les cheminotEs, la CGT et SUD-Rail. Un bras de fer pour affirmer leur autorité vacillante et montrer au patronat et aux banques qu’ils pouvaient leur faire confiance pour appliquer leur volonté et mater le mécontentement social, mettre au pas les syndicats en les piégeant dans le dialogue social.« Depuis le début, je n’ai pas compris le sens de cette grève » avait déclaré le Premier ministre, affichant son mépris des salariéEs, accusant la CGT et SUD-Rail d’être irresponsables et de prendre le risque d’empêcher le bon déroulement des épreuves du Bac ! Quelle blague ! Les irresponsables sont ceux qui sacrifient les intérêts des salariéEs et des usagerEs à la concurrence, aux intérêts des groupes financiers auxquels ils veulent livrer la SNCF.
Tout pour la finance« La réforme, c’est difficile, on le voit à la SNCF, mais il faut continuer à réformer parce que le pays en a besoin », martèle Valls et avec lui tout le gouvernement, la droite et les médias. Il faudrait accepter la réforme ferroviaire parce qu’il faudrait stabiliser la dette de 44 milliards d’euros. C’est le même coup que pour le déficit budgétaire. La SNCF ou l’État empruntent auprès des banques privées, leur versent une rente qui s’accroît d’année en année, 1,5 milliard d’euros l’année passée pour la SNCF... Et ce serait aux salariéEs de payer l’addition en acceptant une dégradation de leurs conditions de travail et de vie ?En prime, la réforme, c’est la division en deux de la SNCF : d’un côté la SNCF, de l’autre le Réseau ferré de France (RFF), livré aux compagnies privées. Que les deux sociétés soient chapeautées par une troisième ne change rien. Au contraire, c’est ajouter une aberration à une autre. Les cheminotEs ont raison de demander le retour à une seule société ayant le monopole du transport ferroviaire. La concurrence, ce sera plus d’insécurité, la hausse des prix et la dégradation du service.
Mascarade parlementaireIl n’empêche, au Parlement, PS, Verts et UMP sont tous pour la réforme, ils étaient tous contre la grève ! Une partie de l’UMP, s’est certes déclarée opposée à la loi parce qu’il « s’agit d’un texte qui va dans la mauvaise direction, et qui est un retour en arrière, […] elle ne prépare pas l’arrivée de la concurrence. » Mais la droite s’est rangée derrière le gouvernement pour ne pas lui compliquer la tâche l’exhortant « de ne pas reculer » face « aux grévistes jusqu’au-boutistes ». Une démonstration de plus que les travailleurEs et la population ne peuvent rien attendre du Parlement qui ne sert qu’à donner un vernis démocratique à une politique contraire à leurs intérêts.Même le seul parti favorable aux grévistes au Parlement, le Front de gauche, s’est livré au petit jeu des amendements qui ne remettaient rien en cause sur le fond de la réforme, servant de caution au gouvernement pour aider à la fin de la grève.
Changer le rapport de forcesÀ l’opposé, nous avons besoin d’une réelle politique pour mettre en échec ce gouvernement qui n’est rien d’autre que le conseil d’administration de l’oligarchie financière, entièrement dévoué à ses intérêts. Prétendre défendre les intérêts du monde du travail est incompatible avec le moindre soutien aux réformes capitalistes et le dialogue social pour les mettre en œuvre en étouffant la révolte. La grève des cheminotEs était bien celle de l’ensemble du monde du travail comme l’est aussi la lutte des intermittentEs qui se battent contre la précarité. Chaque lutte, chaque grève s’inscrit dans une bataille d’ensemble pour mettre en échec les politiques d’austérité, de concurrence et de compétitivité.La politique du gouvernement et du Medef attaque l’ensemble des classes populaires. Ensemble nous avons besoin d’une politique pour les mettre en échec, et défendre nos droits.
Yvan Lemaitre