«Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe est mortelle — elle peut mourir —, elle dépend de nos choix »… En prononçant ces mots le 25 avril lors de son discours à la Sorbonne, Macron met — bien malgré lui — en perspective là où en est le projet des classes dirigeantes européennes. Sept années après un premier discours du nouveau président de la République alors fraîchement élu, le tableau est à charge pour Macron et ses amis.
Directives austéritaires laissant les coudées franches à la Banque centrale européenne pour gérer l’inflation ; nouveaux barbelés dressés à la face des migrantEs, comme tout récemment le nouveau pacte migratoire adopté à Bruxelles ; opposition frontale à toute mesure — même limitée — de progrès social ou environnemental (à l’instar d’un « devoir de vigilance » imposé aux entreprises ou de la défense des travailleurEs ubérisés qui pourraient être reconnus comme salariéEs des plateformes numériques) ; perspective d’une « défense crédible » européenne s’appuyant sur un bouclier antimissiles et peut-être même le développement de la dite dissuasion nucléaire… L’Europe de Macron ne vend pas du rêve, elle est le cauchemar sorti des têtes des ultralibéraux qui gouvernent l’ensemble des pays européens, au-delà des étiquettes politiques qui les labellisent à gauche, à droite, voire à l’extrême droite comme en Italie…
Dès lors, le danger est majeur. On peut en prendre la mesure à quelques semaines des élections européennes. À défaut de l’émergence d’un projet européen alternatif — une Europe écosocialiste qui harmoniserait par le haut les législations protectrices pour la majorité, qui s’appuierait sur les solidarités pour accueillir les migrantEs, et romprait avec les traités antidémocratiques — le rejet de l’Europe des banques et des multinationales peut nourrir les pires projets de l’extrême droite : exacerbation des frontières et du repli national, législations toujours plus antisociales et racistes, exacerbation des concurrences internationales… Jusqu’où ?
Il devient urgent de mener les batailles internationalistes pour que meure leur Europe des inégalités, pour changer radicalement d’Europe.