Dans une interview publiée le 2 novembre dernier, Macron s’est déclaré frappé par la ressemblance entre la situation actuelle et celle des années 1930. Il faisait ainsi allusion à la montée des nationalismes, et a souligné la nécessité d’y résister.
Il y a certes matière à discuter de la situation actuelle, mais les déclarations de Macron ne sont rien d’autre que la manœuvre politicienne d’un président dont la cote de popularité ne cesse de plonger. Ont échoué aussi bien les postures monarchiques que la fausse familiarité : rien n’y fait, Macron ne peut se dépêtrer de son image de président des riches. Comme le dit le politologue Jérôme Saint-Marie, « le macronisme est un projet cohérent, mais qui ne réussit pas à constituer un bloc social majoritaire ou même important autour de lui ».
Puisqu’il est impuissant à vendre sa politique de casse sociale en positif, puisqu’il n’arrive pas à relancer la mécanique en panne de l’Union européenne, il lui reste les arguments négatifs : « Moi ou les nationalistes ». Ceci alors que, sous sa présidence, la chasse aux réfugiéEs bat son plein, et qu’il ne rate pas une occasion de s’exhiber en compagnie de généraux sous des drapeaux tricolores.
Au moment de la grève de SNCF, les macroniens vitupéraient contre la « prise en otage » des usagers ; maintenant, à l’approche d’élections européennes qui s’annoncent difficiles, Macron s’élève contre les nationalismes et les gouvernements hongrois et italien. Attribuer tous les problèmes à des ennemis réels ou imaginaires est une vieille tactique des forces politiques vacillantes sans légitimité populaire. Trotski, en 1936 ironisait, déjà sur « le bonapartisme décadent, lequel a besoin pour son existence incertaine, aussi bien du danger de droite que du danger de gauche, afin de les jouer l’un contre l’autre et de s’élever ainsi toujours davantage au-dessus de la société et de son parlementarisme. » C’est la politique de Macron et de ses semblables qui fait jour après jour le lit des nationalistes, à l’instar du Parti démocrate italien de Renzi qui a ouvert la voie à l’alliance Ligue-5 étoiles.
HW