Décidément quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ! Contesté par le corps enseignant, rejeté par les organisations de jeunesse, décrié par une partie des états-majors (pour leurs intérêts propres), le Service national universel (SNU) ne sera pas rendu obligatoire ni étendu pour l’instant.
Initié en 2019, sur la base du volontariat, le SNU devait accueillir 400 000 jeunes jusqu’en 2022. Seuls 52 000 l’ont fait entre 2019 et 2022. Il s’agit pourtant d’une des priorités affichées du quinquennat « pour » la jeunesse. En janvier 2023, l’autre mesure-phare de Macron a été abandonnée face à un front syndical inédit : la réforme des lycées pro, où était prévue une augmentation de 50 % du temps passé en entreprise, au détriment du temps et des moyens alloués à l’enseignement.
Ce report illustre une crainte de la Macronie d’une rupture politique et sociale des jeunes générations avec son projet politique global. Et il y a de quoi : nomination de ministres accusés de violences sexuelles et sexistes, laisser-faire de la catastrophe écologique en cours, dégradation et pression exacerbée du parcours scolaire. Autant de mépris face aux préoccupations des jeunes.
Et c’est sur la question du 49.3 et des violences policières que la colère de la jeunesse se cristallise dans les lycées et les établissements du supérieur. La violence physique et antidémocratique du régime les a fait rejoindre le mouvement. Remise en cause de l’appareil d’État et des corps du « maintien de l’ordre » ne fait donc pas bon régime avec une extension et une obligation du SNU, considéré comme un retour du service militaire.
C’est ce qui a poussé le gouvernement à reculer : la crainte que la mobilisation de la jeunesse se poursuive et passe d’une échelle significative à une échelle de masse. Voire qu’elle prenne le relais du mouvement. Ah, le joli mois de mai…
Ce report d’obligation et d’extension du SNU est une bonne nouvelle. La mobilisation de la jeunesse doit se poursuivre et se renforcer dans le cadre du mouvement sur les retraites. Au-delà, c’est bien une mobilisation contre le SNU qu’il faut réussir à développer à large échelle. Avec notamment deux mots d’ordre : empêcher l’extension et l’obligation du SNU, puis exiger sa suppression totale !