Plusieurs dizaines de miliant·e·s de divers pays ont envoyé des messages de solidarité après le décès d’Alain Krivine. Certain·e·s sont membres de la IVe Internationale, d’autres sont des militant·e·s ayant croisé Alain dans divers combats.
Abd Elraouf Batekh
Salutations amicales aux camarades de la gauche anticapitaliste
Nous partageons la douleur de sa famille, de ses proches et des camarades du NPA avec le décès du camarade Alain Krivine. Alain était un militant infatigable, au cœur de toutes les batailles pour la destruction du système capitaliste, contre l'exploitation, il était un soldat dans la lutte pour l'auto-émancipation de la classe ouvrière. Nous nous souviendrons de lui pour le reste de sa vie avec les travailleurs égyptiens car il était un combattant solide et n'a cédé à aucune pression tout au long de sa lutte. Vive la lutte de la classe ouvrière jusqu'à l'achèvement de la révolution ouvrière internationale.
Égypte, le 14 mars 2022
Roberto Firenze, Nadia De Mond, Gigi Malabarba, Salvatore Cannavò, Gianni De Giglio
La mort de notre camarade Alain Krivine nous attriste profondément. Pour les camarades en Italie, Alain n’était pas seulement un des dirigeants de Mai 68 et du plus important parti de la 4e Internationale, la LCR française. Il nous connaissait bien et a été engagé personnellement dans plusieurs moments importants de la lutte de classe et de la construction de nos organisations. Il nous manquera énormément. Mais nous continuerons son combat.
Yigit Brene (Turquie)
Nous aussi avons perdu Alain Krivine.
Alain Krivine, l'une des figures historiques de la gauche révolutionnaire française, du mouvement trotskiste et de Mai 68, est mort à Paris.
Avec ses phrases percutantes d’une grande profondeur historique, son ironie provocatrice, son enthousiasme continu et souriant, il a consacré ses 80 ans de vie à être le porte-parole de toutes et tous les opprimés et ouvriers du monde : autant qu'il le pouvait, il a essayé de traduire leurs problèmes.
L'optimisme, l'humour, l'affection et l'amitié d'Alain vont me manquer.
Alain Krivine est venu en Turquie à plusieurs reprises : ceux qui ont assisté au congrès du ÖDP en 2000 ont pu assister à sa prudence enthousiaste.
Le livre 1968 Fins et suites qu'il a écrit avec son plus proche camarade Daniel Bensaïd, a été traduit en turc et publié par Yazin Publishing.
Extrait de l'interview avec Uraz Ayd ın et Foti Benlisoy (en turc,
Extrait de l'interview publiée à l'occasion du 50e anniversaire de Mai 68
du-50e-anniversaire-de-mai-68 il est possible de regarder.
Ilya Budraitskis, militant russe de la IVe Internationale
Une des principales caractéristiques de la longue et digne vie d’Alain Krivine a été sa fidélité à ses convictions, incroyablement ferme et exceptionnellement rare à notre époque. Il y a vingt ans, lorsque j’ai rencontré Alain pour la première fois à Moscou, il était déjà une légende vivante. Pour moi et mes amis, jeunes militants de gauche, le rencontrer était une véritable rencontre avec l’histoire. Ce que nous n’avions lu que dans les livres auparavant – 1968 français, le mouvement de libération en Algérie, les mobilisations contre la guerre au Vietnam – est devenu pour nous de la chair et du sang, marquant une continuité politique dont nous pouvons être fiers. Cette rencontre avec Alain aboutit plus tard à la création du groupe russe de la 4e Internationale.
Au cours des années qui ont suivi, Alain est resté en contact permanent avec nous, se rendant à de nombreuses reprises en Russie pour soutenir les campagnes de solidarité et les grèves des travailleurs. Il a visité de nombreuses régions de notre pays, et a très bien compris les conditions des gens ordinaires et les risques de la lutte politique. Et il est resté un optimiste historique, tout en conservant un « pessimisme de l’esprit ».
Alain nous a raconté que sa propre formation de marxiste anti-stalinien a également commencé à Moscou, lorsqu’en 1957, alors membre de la Jeunesse communiste française, il a participé au festival de la jeunesse et des étudiants. Alors, ses yeux vifs ont rapidement saisi le fossé entre le tableau rose de la réalité soviétique que les maîtres du festival tentaient de peindre et la réalité de la pauvreté et de l’absence de droits élémentaires de la classe ouvrière en Union soviétique. Après son retour d’URSS, il avait rompu rapidement avec le Parti communiste français et rejoint le mouvement trotskiste.
Cette honnêteté envers soi-même, ce refus de choisir entre les « camps » en compromettant ses principes politiques, reste pleinement d’actualité. La mort d’Alain est survenue pendant les jours tragiques de l’invasion impérialiste criminelle de l’Ukraine par les troupes russes. C’est une période d’épreuve pour toutes celles et ceux qui sont prêts à saisir la bannière qu’Alain Krivine a portée pendant plus d’un demi-siècle.
James Lauderdale
Profondément attristé par le décès d’Alain Krivine. Mes condoléances à toutes celles et ceux qui l’ont connu. ¡Presente!
Chris Bambery
Je suis vraiment bouleversé d’apprendre la mort d’Alain. C’était un grand camarade et une partie de ma vie politique a commencé en 1971 avec les lectures sur Mai 68. Toutes mes condoléances aux camarades
Adama SOUMARÉ
Au nom des camarades du Sénégal, nous présentons nos condoléances à sa famille et aux camarades du NPA.
Solidarité compatissante.
Joan Font
J'ai rencontré Alain au début des années 70. Puis nous avons commencé à créer la LCR en Espagne et à chercher le soutien de la IV. Déjà à l'époque, Alain était une référence pour nous. Toute la solidarité avec sa famille, ses amis et ses camarades partout. Un câlin de la Catalogne. « Duran »
Esmely Coello (Espagne)
Mes mots les plus sincères de solidarité et d'accompagnement à sa famille, ses amis et ses camarades, je connais la longue histoire de lutte du camarade Alain, et je sais que son départ est une grande perte pour le mouvement révolutionnaire.
Flavio Guidi (Italie)
Une grande tristesse pour le décès du camarade Alain. Nous poursuivons son combat.
Mbark Abdelmoujoud
C'est avec grande tristesse que j'ai reçu ce message, le décès de notre brave militant Alain Krivine,
Vives condoléances ,camarades, familles et proches.
Ilya Budraitskis (Russian socialist movement)
Tellement triste nouvelle. J'ai connu le camarade Alain près de 20 ans, et pour moi il a toujours été une chaîne animée avec la génération révolutionnaire des années 60. En ces jours terribles de l'agression impérialiste russe en Ukraine, la position politique et morale d'Alain est tellement nécessaire. En ces temps sombres, sa mémoire devrait nous donner la force de lutter pour un monde meilleur, contre la guerre et l'injustice.
Aldo Casas, militant du PRT, du PST et du MAS
Consterné par la triste nouvelle, j'adresse mes condoléances à sa famille, ses camarades et ses amis. Et tout particulièrement à Sandor. On l'a connu comme l'un des leaders de Mai 1968 puis comme candidat présidentiel de la LCR. Ce fut pour nous, en Argentine, un exemple et un formidable encouragement. Quand un camarade d'une telle dimension disparaît, on sent que continuer le combat devient plus difficile mais aussi plus nécessaire. C'est pourquoi je dis : camarade Alain Krivine, présent ! Jusqu'au socialisme, toujours !
Salvatore et Flavia (Italie)
C'est une immense tristesse pour une partie incontournable de notre histoire commune qui disparait. Celle d’Alain a eté une histoire d'amour pour la révolution et il l'a transmise. Nous sommes vraiment désolé·es. On embrasse toutes et tous les camarades.
Søren Søndergaard
Après une vie passée à l'avant-garde de la gauche française et internationale, Alain Krivine est décédé hier, à l'âge de 80 ans.
Krivine est né le 10 juillet 1941 à Paris dans une famille juive ukrainienne qui avait fui les progroms du Tsar. Il est devenu politiquement actif pendant l'occupation coloniale française de l'Algérie, où son frère aîné, Jean-Michel, a fait son service militaire. Avec le troisième frère, Hubert, ils sont tous devenus de fervents anti-impérialistes et ont rejoint la Quatrième Internationale trotskiste, qui s'opposait à la fois au capitalisme à l'Ouest et aux régimes staliniens à l'Est.
Pendant le soulèvement de mai en France en 1968 et les années suivantes, Alain Krivine a joué un rôle central, à la fois en tant que candidat à la présidence et en tant que militant politique, notamment dans la lutte contre l'organisation raciste "Ordre Nouveau". Cette dernière lui a coûté cinq semaines de prison, où il a été libéré après une vaste campagne de solidarité, y compris une visite et le soutien du futur président français François Mitterrand.
Au cours des quatre décennies suivantes, il a joué un rôle clé au sein de la gauche française et internationale, notamment en étant élu au Parlement européen en 1999. Au cours de la dernière décennie, il a mené une vie plus retirée, mais a maintenu son activité et ses convictions politiques. "Seuls les conservateurs ne rêvent pas", comme il l'a dit.
Personnellement, j'ai eu la chance de rencontrer Alain Krivine à de nombreuses reprises au fil des ans, d'une part lors de réunions internationales, d'autre part lors de ses visites au Danemark et en France. Ce qui reste, alors que beaucoup de mots ont été oubliés, c'est sa nature accueillante, sa modestie et son humour. En même temps, son dédain pour la suffisance, la trahison et les privilèges était indéniable. Et il avait une énorme curiosité. Par exemple, il était vivement intéressé par l'expérience de la création et de la construction du Enhedslisten (Alliance Rouge et Verte) y compris la création d'un parti anticapitaliste plus large en France. Je me souviens qu'après une réunion à Paris, alors qu'il ne pensait pas avoir obtenu toutes les réponses à ses questions, il a insisté pour me conduire à l'aéroport, à plus d'une heure de route, afin que nous puissions discuter davantage. Ce n'est pas tout à fait normal pour des dirigeants de gauche aussi pointilleux !
Krivine lui-même a déclaré que la meilleure façon de commémorer un socialiste décédé était de poursuivre la lutte pour une société sans pauvreté, sans oppression et sans guerre. On se souviendra longtemps d'Alain Krivine !
Fabio Viti
Mes condoléances les plus sincères aux proches et aux camarades pour la perte d'un combattant infatigable, un exemple de cohérence militante.
Tariq Ali
Très triste d'apprendre à l'instant que mon vieux camarade Alain Krivine est mort. Il était un militant et révolutionnaire dévoué de la JCR, plus tard de la Ligue Communiste, et un dirigeant de la Quatrième Internationale pendant de nombreuses années.
Nous avons pris la parole ensemble lors de nombreuses réunions et conférences au cours des années 60 et 70 dans différentes parties du monde. Même après mon départ de la QI, nous avons gardé le contact. Il passait me voir quand il était à Londres. La dernière fois que nous avons eu une conversation assez longue, c'était à Caracas en 2003 lors d'une conférence pour marquer le premier anniversaire de la tentative du coup d'État manqué.
J'ai entendu dire qu'il était malade il y a environ un an pendant le confinement. J'ai écrit et enragé de ne pas pouvoir venir le voir. « Je ne vais pas mourir tout de suite », a-t-il répondu. « Nous nous rencontrerons bientôt. » Hélas, nous ne l'avons pas fait et maintenant il est parti.
'Alain Krivine' comme disait la chanson des JCR, 'c'est notre Lénine.' La première fois que j'ai entendu ça à Paris, Daniel Bensaïd et moi avons rigolé. Avant que je puisse dire quoi que ce soit, Daniel a dit : « Et non, Tariq, je ne suis pas Trotsky. Garde ta blague ».
Le partenariat Krivine-Bensaïd qui a dirigé la JCR et plus tard la Ligue au cours de ses premières années a été l'un des plus créatifs de la QI. La section française de la QI avait un réel élan et a acquis des dizaines de milliers de sympathisants en plus de ses membres. Les deux frères d'Alain, son jumeau Hubert (très vivant) et physicien, et son frère aîné Jean-Michel étaient également à la Ligue, chacun talentueux de différentes manières. Ils venaient d'une famille juive qui avait fui les pogroms de l'Ukraine tsariste à la frontière polonaise. Tous les trois étaient des internationalistes. Être un révolutionnaire à une époque qui était tout sauf cela, avait des répercussions, mais Alain a persévéré jusqu'à la fin. Il va beaucoup nous manquer.
Juana
De Buenos Aires. Je suis la fille Juana Droeven et Raymond Molinier.
Mon père était un ami et un camarade des grandes époques de l'histoire politique française, sa vie est douloureuse, ses idées et son combat demeurent.
Avec amour à toute sa famille.
Jeanne
Chawki Salhi (Algérie)
Adieu Alain Krivine !
Alain Krivine est mort. Nous avons longtemps milité ensemble. C'était une légende dans l'univers des marxistes révolutionnaires et il était respecté bien au-delà de notre famille politique. Il est parti rejoindre Daniel Bensaïd, son immense compagnon, dont la dialectique foisonnante a nourri plusieurs de nos générations militantes.
Combien sont-ils les révolutionnaires des années 50 et 60 qui sont restés fidèles à leurs engagements ? Combien de soixante-huitards encore vivants ne sont pas passés à l'ennemi de classe ? Pas beaucoup ! Le reflux massif du mouvement ouvrier et le triomphe provisoire du capitalisme a transformé la plupart d'entre eux en petits soldats du libéralisme agressif et en supplétifs intellectuels ou activistes de la reconquête impérialiste du monde. Daniel Bensaïd et Alain Krivine ont résisté. Longtemps.
Krivine vient du PCF, il se rapproche de la Quatrième Internationale parce qu'il soutient la lutte de libération du peuple algérien. Cadre de l'Union des étudiants communistes, il se bat pour la démocratisation et la déstalinisation de son parti. Exclu avec ses camarades en janvier 1966, il fonde la Jeunesse communiste révolutionnaire qui joue un rôle clé dans les mobilisations pour le Vietnam puis dans la grande mobilisation étudiante de mai juin 1968. Dès lors, il devient une des figures remarquables du trotskisme français et international. Un leader de la Ligue communiste, de la Ligue communiste révolutionnaire puis du Nouveau parti anti capitaliste.
Lorsqu'au début des années 1970, nous avons commencé à édifier ce qui allait devenir le GCR puis le PST, il n'y avait pas dans notre culture politique de culte des idoles et, de toute façon, à l'époque en Algérie, nous n'avions pas beaucoup accès à la presse et aux écrits de nos camarades. Mais Krivine et Bensaïd faisaient partie de nos repères militants aux côtés d'Ernest Mandel, Livio Maitan, Pierre Frank, et d'autres comme Tariq Ali...
Je connaissais bien Livio et Daniel qui nous ont rendu visite l'espace d'un congrès clandestin en 1979 et en 1982. Mais c'est après la légalisation du PST en janvier 1990, que j'ai mieux connu Krivine. Il était à la hauteur de sa légende. Ce n'était pas Lénine, c'était Krivine. Il ne se prétendait pas le théoricien du collectif de direction, il était le centre de la construction du parti en tant que projet politique. C'était un excellent orateur, pédagogue, plein d'humour. Son flair organisationnel était unique et son expérience, immense. Dans le tourbillon du fonctionnement collégial et du choc des tendances rivales qui cartellisaient le parti à chaque débat de congrès, Alain était l'élément stabilisateur. Daniel me disait : chacun s'occupe de son secteur d'intervention, et on laisse Alain, tout seul, balayer le local. C'était une image mais, parfois, Alain balayait vraiment le local. Et pourtant, l'efficacité de « l'orga » était mythique.
Alain était d'un dévouement exemplaire. Issu d'un milieu aisé, diplômé universitaire, il a vécu toute sa vie avec la paye de tous les permanents qui, selon la jurisprudence de la Commune de Paris, ne devait pas dépasser celle d'un ouvrier qualifié. Il était d'une humilité extrême. Cela ne convenait pas trop à son rôle d'homme public et de façade médiatique, un rôle qui nécessite un minimum de narcissisme. Je le revois m'expliquer qu'il ne voulait pas de nouvelle campagne présidentielle parce que, disait-il, c'est ma pomme qui devrait s'y coller. La difficulté fut dépassée par la recherche d'un nouveau visage pour le parti et ça sera Besancenot.
Pendant 20 ans, Alain a été l'un de mes principaux contacts internationaux. Nous avions eu quelques désaccords douloureux mais la camaraderie affectueuse n'a jamais cessé. Je me souviens de son euphorie lors du congrès du PST de mai 1991, qui tranchait avec tant de mauvaises nouvelles internationales. Il était heureux, aussi, de découvrir une tradition révolutionnaire qu'il ne soupçonnait pas dans ce pays, l'Algérie, qui fonda sa radicalisation politique. Quinze ans plus tard, il contribuait aux débats de notre université d'été, toujours solidaire.
Nos liens se sont distendus dans la dernière décennie. Mais ce long compagnonnage est une richesse que je ne renie pas. Alain Krivine fut mon camarade, mon frère en humanité.
Alger, le 14 mars 2022
Chawki Salhi
Joxe Iriarte "Bikila" (Pays basque)
Bientôt, vous recevrez les condoléances de l'organisation où je suis actuellement actif (Alternativa del Pais Vasco, organisation qui a participé au dernier congrès de la IVe Internationale en tant qu'invitée). Je veux m'ajouter à ces condoléances à titre personnel, puisque dans le passé j'ai eu le privilège de connaître Alain, avec qui j'ai entretenu des relations militantes au sein de la IVe Internationale.
Je témoigne de ses grandes qualités humaines, de sa fidélité révolutionnaire inébranlable, de sa solidarité avec les opprimé·es, les exploité·es et les marginalisé·es à travers le monde, et de son internationalisme fervent ; c'est pourquoi, même dans les pires moments, il a toujours défendu l'équité du droit à l'autodétermination du Pays basque (Euskal herria).
Toujours jusqu'à la victoire.
Joxe Iriarte "Bikila"