Le deuxième tour de l’élection présidentielle n’a pas encore eu lieu que les grandes manœuvres en vue des élections législatives des 10 et 17 juin s’intensifient à droite comme à gauche. Pour les anticapitalistes, ces élections seront une nouvelle occasion de développer nos idées en cohérence avec la campagne de Philippe Poutou, l’occasion de rassembler toutes celles et ceux qui veulent construire une force qui soit une véritable opposition ouvrière et populaire à toute politique d’austérité.
Ces élections seront dominées par le résultat de la présidentielle et leur principal enjeu sera de donner une majorité parlementaire au nouveau président, bien probablement François Hollande. La logique du régime présidentiel va jouer à fond en faveur du PS et de ses alliés. EÉ-LV bénéficie d’un accord avec le PS sans lien avec leur poids réel alors que les contradictions du Front de Gauche s’expriment ouvertement.
Le premier tour de la présidentielle passée, le Parti communiste et Pierre Laurent sont en première ligne pour tenter de récolter les fruits de la dynamique Mélenchon. Dans l’accord national conclu entre les différentes composantes du Front de Gauche, le PCF a obtenu 77 % des 539 circonscriptions métropolitaines.Mélenchon pourrait être lui-même candidat. Mais avoir des députés aura un coût politique. Déjà Mélenchon soutient Hollande sans la moindre condition, demain il y aura très probablement un accord pour les législatives auquel le FdG a déjà ouvert le porte en proposant un accord partout où il y a une « risque » FN. Hollande est d’accord et Mélenchon vient de proposer au PS « de s’appliquer la proportionnelle » et de donner dans la future majorité de gauche un quart des éluEs au Front de Gauche. À suivre...
Panique à droiteÀ droite, c’est la panique face à la défaite annoncée de Sarkozy et sa fuite en avant réactionnaire pour gagner les voix du FN. Cette politique ne fait que renforcer le FN qui rêve de faire imploser l’UMP. « Nicolas Sarkozy devait tuer le FN, il est dans les choux. La chef de l’opposition, c’est moi », se réjouit Marine Le Pen. « Avec une vague rose et un FN fort, on ratiboise l’UMP »...
L’échec annoncé de Sarkozy va attiser la guerre des chefs à l’UMP et donner des ailes à la Droite populaire qui rêve de jouer les traits d’union entre UMP et FN « dédiabolisé »... Le 22 avril, Marine Le Pen a dépassé 12,5 % des inscrits (le seuil pour se maintenir au second tour des législatives) dans 353 circonscriptions sur 577. De quoi mettre de solides bâtons dans les roues de l’UMP et avoir un rapport de forces qui soit plus favorable au FN en vue d’une recomposition à droite pour construire un parti populiste de la droite extrême.Les calculs de Marine Le Pen reposent sur un fait majeur : la gauche libérale et ses alliés au pouvoir inévitablement décevront, aggraveront le désarroi et l’inquiétude des classes populaires, créant un climat de démoralisation favorable à la propagation des préjugés réactionnaires.Notre réponseLa réponse face à cette menace ne peut venir que d’une politique pleinement indépendante de la gauche libérale tant du gouvernement que de sa majorité parlementaire, une force pleinement liée au monde du travail, engagée dans la défense de ses intérêts, qui combatte sans compromis toute politique d’austérité d’où quelle vienne. Une force capable de développer une politique de regroupement des anticapitalistes tout en visant à l’unité la plus large contre l’austérité et ses conséquences immédiates. Une force qui lutte pour un gouvernement s’appuyant sur l’organisation et la mobilisation des travailleurs pour mettre en œuvre la seule politique susceptible d’enrayer la crise, le refus de payer la dette, la socialisation des banques pour créer un service public bancaire.
Pour défendre cette perspective, nous voulons être présents dans un maximum de circonscriptions en rassemblant le NPA dans le respect des droits de la Gauche anticapitaliste. Nous souhaitons partout où cela est possible aider au regroupement des anticapitalistes au-delà de nos rangs. En prenant appui sur les acquis de notre campagne présidentielle, les législatives seront l’occasion de les consolider.
Yvan Lemaitre