Dimanche 31 janvier, Martine Aubry réunissait les secrétaires de section socialistes afin de lancer la campagne pour les élections régionales. Cette initiative a illustré difficultés et contradictions. Certes, le terrain est a priori plutôt favorable à l’opposition. Vengeance judiciaire et coups tordus : l’affrontement entre Villepin et Sarkozy perturbe la majorité. Fillon et les dirigeants UMP peinent à faire ratifier leurs listes de candidats.
Le mécontentement populaire vis-à-vis du président et du gouvernement s’accroît. D’ailleurs, les sondages sont extrêmement favorables au PS et Martine Aubry s’est crue autorisée à fixer très haut la barre : non seulement conserver les vingt régions gérées par le PS, mais aussi conquérir l’Alsace et la Corse. Même le résultat de la compétition avec Europe Écologie ne semble plus vraiment inquiéter. Pourtant, des obstacles demeurent, fragilisant la volonté des dirigeants socialistes de faire des régionales « la première étape de la reconquête ».
D’abord, il y a eu les déclarations de Martine Aubry sur la retraite. Croyant peaufiner son image de femme d’État responsable – et présidentiable… – elle a froidement proposé l’union nationale entre le PS et la droite pour porter l’âge de la retraite à 61 ou 62 ans ! Devant le tollé soulevé, elle a dû faire marche arrière, dans la confusion la plus totale. Les semaines qui viennent permettront d’éclaircir la position du PS, lorsqu’il faudra organiser la mobilisation face aux attaques contre les retraites. Après l’intermède Aubry, le moins que l’on puisse dire est que des doutes existent.
Mais, c’est surtout « l’affaire Frêche » qui est venue gâcher la fête. Ainsi, la direction du PS a – enfin ! – décidé de réagir au énième dérapage verbal et nauséabond du potentat languedocien. Certes, Georges Frêche avait bien été exclu du PS, il y a trois ans, pour des faits similaires. Mais cela n’avait pas empêché la direction d’avaliser le choix des militants languedociens de le désigner comme tête de liste PS aux régionales. Martine Aubry déclarait encore son soutien à Frêche, une semaine avant qu’il ne s’en prenne à Laurent Fabius.
L’actuelle et vertueuse indignation est donc pour le moins tardive : pendant des années, les dirigeants nationaux du PS ont couvert les propos et les agissements de Frêche, personne ne voulant se fâcher avec celui qui, grâce à son système clientéliste, détient un gros paquet de mandats, toujours utiles dans les votes internes au PS. Enfin, chacun voit bien que la campagne régionale du PS est polluée par les arrière-pensées présidentielles.
Ce qui éloigne de la question plus immédiate que chacun devrait se poser avant le vote : depuis six ans, la gestion des régions par le PS – et, dans la plupart des cas, par le PS, le PCF et les Verts – a-t-elle au moins constitué un véritable bouclier social contre la politique de la droite sarkoziste, à défaut d’être une alternative réelle ? Une question à laquelle la campagne du NPA apportera des réponses.
François Coustal