Publié le Vendredi 9 septembre 2011 à 08h51.

Parti socialiste : obsession primaire

Parmi les observateurs, quelle que soit leur opinion sur le Parti socialiste, le diagnostic est unanime : la cuvée 2011 de l’université d’été de la Rochelle n’a été ni un lieu privilégié pour le débat d’idées ni à proprement parler la rentrée politique de l’opposition à Sarkozy, tant l’organisation, les séances et la scénographie de l’événement ont été entièrement déterminées par la « primaire ». Martine Aubry serait-elle en mesure d’utiliser cette université d’été pour refaire son retard sur François Hollande ? Largement distancée dans les sondages, Ségolène Royal allait-elle pouvoir peser sur la décision ? Manuel Valls et Arnaud Montebourg seraient-ils audibles ? Quelle place concéder à Jean-Michel Baylet, seul non-membre du PS à avoir bien voulu cautionner par sa participation le derby socialiste ? Ces questions ont passionné les médias, moins le peuple de gauche.

On peut ironiser – pourquoi s’en priver ? – mais l’essentiel est de comprendre que tout ceci n’est que la conséquence inéluctable de la double adhésion du PS au néolibéralisme et aux institutions de la ve République, en particulier l’élection au suffrage universel d’un président de la République véritable « monarque républicain ». Ainsi, la « primaire » socialiste singe l’élection présidentielle elle-même.

Lors de la présidentielle, les deux principaux candidats défendent deux versions d’un même programme compatible avec le capitalisme mondialisé : la compétition est d’autant plus violente qu’il faut bien « faire la différence » et qu’elle ne peut être faite sur le fond politique. Pour la primaire, au-delà des postures – plus gestionnaire pour l’un, plus « gauche classique » pour l’autre – les différences programmatiques sont minces entre Hollande et Aubry, d’autant qu’ils ont tous les deux voté le Projet socialiste censé être la référence commune. Comme la présidentielle, la primaire socialiste a aussi ces « vrais » candidats et ses « petits » candidats qui, ne nourrissant aucun espoir d’être choisis au final ni même d’accéder au second tour, affirment des positions plus tranchées : la « démondialisation » pour Arnaud Montebourg, l’austérité et les quotas migratoires pour Manuel Valls.

La présidentielle façon ve République a aussi transformé les partis politiques en écuries présidentielles, les adhérents se déterminant essentiellement comme supporters d’un leader à vocation présidentielle. Ce phénomène n’avait pas épargné le PS. Mais, aujourd’hui, la primaire illustre une nouvelle étape : ces tendances et courants eux-mêmes sont fondés non sur des références idéologiques mais sur des allégeances à un candidat ou une candidate possible. Et quand le champion est « empêché », le courant éclate : ainsi, après les péripéties que l’on connaît, les « amis de DSK » se sont répartis entre Aubry et Hollande…

Reste l’inconnue du taux de participation qui, à l’évidence, rend difficile tout pronostic et qui sera une indication sur l’intérêt suscité par cette initiative.

François Coustal