Les 9 et 10 novembre dernier, le PCF a réuni une conférence nationale en présence de 800 déléguéEs. Conférence de travail, les délégués se sont réunis en 9 ateliers mais c’est le discours de clôture du secrétaire général Pierre Laurent qui résume l’orientation actuelle du parti et qui dénote une certaine radicalisation verbale...
Aujourd’hui le PCF est confronté à une vague d’attaques sans précédent du Medef contre le monde du travail, aidé en cela par un PS qui, au gouvernement, passe à une vitesse effarante de la social-démocratie au libéralisme. À gauche, le mécontentement et le sentiment d’avoir été trahi dominent dans l’électorat. Pour le moment c’est l’abstention ou le Front national qui profitent de cet écœurement et aussi des désillusions par rapport aux mobilisations qui ont presque toutes échoué.Mais cette rupture avec le PS d’une grande partie des couches populaires s’accompagne aussi de pas mal de désillusions par rapport au Front de gauche, et notamment de Jean-Luc Mélenchon. La violence de ses tirades apparaît de plus en plus comme superficielle, cachant un fond institutionnel, nationaliste et souvent très personnel, comme en témoigne son départ de la direction du PG et la formation du Mouvement pour la VIe République M6R.Déjà divisés sur les alliances électorales avec le PS dans de nombreuses villes, les militantEs du PCF s’interrogent désormais sur le rôle spécifique de leur parti, l’intérêt de construire le Front de gauche ou la timidité, pour ne pas dire plus, des positions et comportements de la CGT.Durant cette conférence nationale, de nombreuses voix se sont donc fait entendre pour exiger une intervention plus visible et plus radicale du parti. Le discours de clôture a dû tenir compte de cette nouvelle situation, sans fermer la porte aux « frondeurs » socialistes et aux Verts qui restent pour la direction du PCF l’axe d’une nouvelle majorité contre la direction actuelle du PS.
Prendre en compte une base radicaliséePour Pierre Laurent, il faut sortir de l’impasse actuelle et passer à une étape supérieure de la contestation de ce gouvernement, avec une nouvelle majorité qui soit « vraiment à gauche » et d’ajouter : « Le constat ne suffit plus, c’est à l’action, à la construction qu’il faut passer. À tous je dis le temps nous est compté. » Dans ce cadre, il précise qu’il faut renforcer le Front de gauche et présenter partout des candidatEs aux régionales, y compris avec des candidatEs PS ou EÉLV à condition « qu’ils s’opposent à la politique d’austérité ». Quatre candidatEs par canton, soit 8 000 en tout.Après avoir affirmé que « Manuel Valls n’est pas et ne sera jamais le Premier ministre de la gauche », Pierre Laurent propose un plan de bataille où sont mélangés la journée unitaire du 15 novembre, les 1 000 assemblées citoyennes du PCF, sa tournée de meetings en province, précisant que le collectif unitaire 3A (à l’initiative des manifestations du 12 avril et du 15 novembre et où se trouve le NPA) est « une belle réponse à ceux qui s’interrogent sur l’avenir du Front de gauche »...Bref, un discours un peu plus radical que d’habitude, mais dominé par des généralités à la mesure de l’embarras dans lequel se trouve aujourd’hui la politique réformiste de la direction du PCF. Celle-ci doit tenir compte de sa base et en même temps ne pas rompre avec le PS, surtout sur le plan électoral.
Alain Krivine