Face à un pouvoir qui maintient son cap ultra-libéral et multiplie les fronts contre nos droits et nos conditions de vie, nous ne devons pas tergiverser : la réponse passera par la mobilisation, par la construction d’un mouvement large et déterminé à stopper le gouvernement Macron-Borne.
«Vous ne me verrez plus avec une cravate mais avec un col roulé. Et je pense que ce se sera très bien, ça nous permettra de faire des économies d’énergie, de faire preuve de sobriété ». Ainsi s’est exprimé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire mardi 27 septembre sur France Inter, probablement fier de sa trouvaille, avec l’air de celui qui participerait, « comme tout le monde », aux nécessaires efforts face à la crise de l’énergie qui guette. On aurait envie de sourire si la situation n’était pas aussi grave et si cette énième sortie de Le Maire n’était pas à l’image du souverain mépris dans lequel nous tiennent Macron et son entourage.
Les vieilles recettes ultra-libérales
La veille, c’est la Première ministre Élisabeth Borne qui nous faisait la leçon sur les retraites, avec un raisonnement digne d’un mauvais intervenant économique ultra-libéral sur une chaîne d’info : « Il est important de se redire de dire qu’en France, on a un modèle social unique au monde. Santé, école... On ne peut le financer durablement qu’à condition de produire plus de ressources, de travailler collectivement davantage. Cela passe par un décalage progressif de l’âge effectif de départ à la retraite, en prenant naturellement compte des situations de chacun. » Comprendre : pour défendre notre « modèle social », il faut s’en prendre à nos retraites, qui font pourtant partie intégrante de… notre « modèle social ». Implacable.
Comment prendre sérieux celle qui, dans le même temps qu’elle déclare être soucieuse des dispositifs sociaux, dirige le gouvernement qui s’apprête à porter de nouveaux coups au système d’assurance chômage en « responsabilisant » toujours davantage les travailleurEs privés d’emploi et en les contraignant à accepter n’importe quel boulot, aussi précaire et mal payé soit-il ? Comment croire une seconde qu’il y a d’autre chose que du mépris à l’égard des classes populaires et de la jeunesse lorsque celle qui prétend être attachée à un « modèle social » présenté comme avantageux pour la majorité est aussi celle qui, lorsqu’elle était ministre, s’est affirmée, en paroles et en actes, comme une des plus ferventes adeptes de la privatisation des services publics, à la RATP mais aussi à la SNCF ?
Face à un gouvernement de combat
Nouvelles attaques contre l’assurance chômage et les retraites, abandon des services publics les plus essentiels, en y supprimant toujours plus de postes de fonctionnaires, en y développant la précarité et en les sous-dotant financièrement, mesures bidons pour lutter contre la vie chère et la pauvreté, discours culpabilisateurs sur les questions écologiques, tout en refusant de s’en prendre aux intérêts des plus riches et des grandes entreprises : un mois après la rentrée, il ne fait aucun doute que le gouvernement Macron-Borne a décidé de poursuivre l’épreuve de force et, tout en se réfugiant derrière des déclarations sur le thème « La crise est là, il faut tout changer », de garder son cap ultra-libéral, voire de l’accentuer.
Face à cela, il ne s’agit pas de tergiverser. La journée de grève interprofessionnelle du 29 septembre est une première étape dans la construction de la nécessaire riposte face à un pouvoir qui continuera de mener sa guerre de classe tant que nous ne l’obligerons pas à reculer. Divers secteurs n’ont pas attendu le 29 pour se mobiliser, notamment sur les salaires, qu’il s’agisse des travailleurEs des transports en commun ou de celles et ceux de PSA-Stellantis, de Carrefour ou de TotalEnergies. Des luttes éparses, mais souvent déterminées, qui se soldent parfois par des victoires et des reculs du patronat, nous rappelant que c’est par la lutte que nous pouvons obtenir satisfaction.
Après le 29, on continue
Étape dans le regroupement de ces colères, le 29 septembre ne peut rester sans lendemain car une journée de manifestations et de grèves ne pourra suffire. La journée de manifestation nationale du dimanche 16 octobre « contre la vie chère et l’inaction climatique » peut constituer une nouvelle étape de la riposte anti-gouvernementale et anti-patronale, que nous devons commencer à construire, ici et maintenant, dans l’unité et sans céder aux tentations hégémoniques ou à la « concurrence » entre mouvement social et organisations politiques.
La situation de crise écologique et sociale l’impose, de même que la crise démocratique, avec le cours autoritaire macronien qui se poursuit et la menace de l’extrême droite. Les récentes nouvelles venues d’Italie nous rappellent en effet qu’en l’absence de mobilisations sociales fortes et de reconstruction des outils de défense et d’organisation de notre classe, ce sont les pires démons qui peuvent ressurgir. Il s’agit donc à la fois de construire, dans l’unité, la riposte sociale, et, avant qu’il ne soit trop tard, de discuter de perspectives politiques à la hauteur des enjeux.