Lundi 11 janvier, Libération titrait « Pour une primaire à gauche ». Après ce titre accrocheur, en page 2, l’édito de Laurent Joffrin réclame le rassemblement de Valls à Mélenchon pour « assurer la présence de la droite et de la gauche républicaines au second tour ». La recherche de la stabilité institutionnelle éclipse le combat contre la droite et l’extrême-droite. En page cinq, un long article rappelle avec raison comment le système des primaires, importé du bipartisme étasunien, dépolitise, uniformise, discipline les partis et les électeurs. L’appel lui-même, signé entre autres par Cohn-Bendit, Desplechin, Piketty, Goupil, se démarque de Hollande et Valls, de leur « état d’urgence permanent », de la déchéance de la nationalité et de la modification de la Constitution. Tout cela est bien contradictoire…
De son côté, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, propose « un candidat dans lequel se reconnaissent les socialistes, les écologistes, les gens du Front de gauche, les communistes » mais qui ne soit pas François Hollande. Après avoir voté la prolongation de l’état d’urgence, les bombardements en Syrie, après que le FDG aient fusionné ses listes avec celles du PS aux élections régionales, Pierre Laurent découvre qu’Hollande ne mène pas une politique de gauche… Peut-être préférait-il Mitterrand ou Guy Mollet ?
Comme l’appel pour des primaires, la direction du PCF ne peut pourtant pas ignorer qu’on ne peut pas à la fois chercher un accord avec le PS et combattre sa politique. Le piège qu’ils pensent tendre au PS pourrait d’ailleurs bien se retourner contre eux : Cambadélis, Premier secrétaire du PS, commentant la publication de l’appel, déclare : « les choses sont ouvertes mais si le président est candidat, le plus probable est que nous soyons rassemblés derrière lui. » Et si tout ce beau monde se retrouvait dans une primaire gagnée par Hollande ? Comme le dit Eric Coquerel, « On dénoncerait sa politique et ensuite on devrait le soutenir s’il gagne ? »
Chacun entrouvre des portes pour voir si, derrière, il n’y a pas la possibilité d’obtenir, sur sa propre orientation politique, un soutien de toute la gauche, de Valls au FDG en passant par EELV. A ceux qui ouvrent la porte de la contestation de la politique du gouvernement, disons-le tout net, pour nous, il faut combattre le gouvernement dans les urnes… et surtout dès maintenant dans la rue ! Et c'est incompatible avec une union avec le PS, même sans Hollande !
Antoine Larrache