À voir la tête des représentants du Parti socialiste et du gouvernement dimanche soir, ils ne semblaient pas s’attendre à une si grande raclée. Et pourtant...
Le scrutin des municipales quelques semaines auparavant auraient dû les alerter. Bien au contraire, Hollande et Valls, après un remaniement, ont continué la même politique en faveur du patronat et des plus riches en faisant voter un plan d’économies de 50 milliards d’euros accentuant ainsi la destruction des services publics et de notre protection sociale... Et le résultat électoral de cette politique ne s'est pas fait attendre : 13,98 % pour le PS, et le FN comme « premier parti de France ». Deux ans après l’arrivée de Hollande à l’Élysée, on n’a jamais connu un gouvernement avec une base électorale aussi faible. Le Parti socialiste n’est pas le seul à avoir été sanctionné. Dans une moindre mesure, c’est aussi le cas pour Europe écologie-les Verts, même si ses dirigeants utilisent la méthode Coué en affirmant que les élections européennes 2014 sont « un bon cru » pour eux : avec 8,91 %, ils perdent 8 députés... On a connu de meilleurs crus. Même si elle résiste, EÉLV paye dans ce scrutin la participation au gouvernement et le refus d’être dans l’opposition. Et certains d’entre eux, comme Jean-Vincent Placé, appellent à une « remise en cause de la politique économique et sociale du gouvernement »... tout en précisant qu’ils ne le lâcheraient pas ! En restant la deuxième force « à gauche », les écologistes espèrent peser sur les futures négociations électorales pour les régionales. À chacun sa priorité.
Suite... et fin ?Sur le plan institutionnel, le scrutin européen et la débâcle du PS ne changent rien. Hollande a été élu pour cinq ans et poursuit donc son mandat, comme l’a rappelé dès lundi matin Valls sur l’antenne de France Inter. Mais politiquement, la situation devient intenable, ou presque. Hollande est historiquement bas dans les sondages, n’a plus de base électorale et sa majorité de plus en plus frondeuse. Comment gouverner dans une telle situation ? La réponse a été rapide : comme si de rien n’était. Et dès dimanche soir, Valls a annoncé qu’il n’y aurait aucun changement dans la politique menée, confirmé lundi soir par l’allocution de Hollande. Pour convaincre, ils nous ressortent donc la même recette : la promesse d’une nouvelle baisse d’impôts. Cette posture du gouvernement pose de plus en plus problème à certains du Parti socialiste qui pensent déjà à 2017 et à l’après Hollande... Les grandes manœuvres ont donc bel et bien commencé. Les frondeurs ont d’ores et déjà annoncé qu’ils présenteront « une plateforme » de propositions qu’ils essaieront de faire voter, avec ou sans l’aval du gouvernement. « Notre objectif, c’est d’être majoritaire dans la majorité », explique Pouria Amirshahi. Dans l’immédiat, ces députés demandent « au président d’inviter l’Union européenne à réviser le calendrier et le contenu des règles budgétaires qui étouffent la croissance ». À commencer par l’objectif des 3 % de PIB de déficit. D’autres comme Cambadélis et Dray en appellent à l’unité de toute la gauche « rouge, rose et verte », rejoint en ce sens par EÉLV. À voir si cet appel sera entendu par certains dans la gauche radicale...
Sandra Demarcq