La déroute du Parti socialiste aux élections départementales a encouragé les velléités des « frondeurs », de Taubira à Martine Aubry sans oublier Montebourg, qui contestent en parole la politique de Valls et Hollande. Des luttes d’ambitions et d’influences dont les enjeux sont la préparation du congrès du PS en juin et les élections régionales de décembre.
Dès l’annonce des résultats, « Vive la gauche » de Benoît Hamon avait publié un communiqué réclamant « un contrat de rassemblement »...
Des critiques sans contenu« Nous appelons à ce qu’une grande gauche se rassemble sans retard, pour soutenir des politiques nouvelles, [...] sans renoncer et sans se renier », dit « Vive la gauche ». Autant dire, on ne change pas grand chose. Pas plus que Marie-Noëlle Lienemann quand elle accuse : « Manuel continue, indifférent à la défaite. Pourtant, on ne rassemble pas son camp sur une ligne politique qui le fracture ». Le courant « Maintenant la gauche » de Guedj appelle, lui, à un « sursaut » de l’exécutif, du PS et de la gauche. Pour quoi faire ?Christiane Taubira dénonce les « défaites sémantiques et culturelles terribles » de la gauche, alors que Martine Aubry s’emporterait presque : « Je n’irai pas signer un texte si j’ai des désaccords profonds », sans même dire ce que seraient ces désaccords... Montebourg, devenu vice-président d’Habitat, pronostique : « le Parti socialiste est sur la route du Pasok grec ».Probablement, car on voit mal comment ce petit monde pourrait réussir à se rassembler comme l’y invite Valls pour poursuivre une politique qui accentue chaque jour sa rupture avec les classes populaires et prépare de nouvelles défaites électorales.
Les rendez-vous de CambadélisCambadélis est dans son élément pour tenter de rassembler tout le monde, dans le PS et hors du PS, pour soutenir le gouvernement, en vue des élections régionales, jouant des ambitions et des appétits rivaux. « J’appelle les formations de gauche au dialogue, à la mise à plat des divergences, à la construction d’une alliance de gauche et des écologistes pour les prochaines élections », a-t-il lancé. Au sein du PS, tout le monde se prétend pour le rassemblement de la gauche... tout en prenant ses distances vis-à-vis du gouvernement, mais sans avoir d’autre politique que lui.À l’extérieur, seule une partie d’EÉLV s’empresse, et le PCF prend son temps avant de répondre ou pas aux avances du PS, même si pour les départementales, il s’est bien souvent allié avec lui. Le PG n’est pas intéressé, pas plus qu’il ne semble intéresser Cambadélis.Ce dernier n’a plus qu’à se féliciter du « dialogue renoué entre le PS et EÉLV. […] Des pistes ont été évoquées pour que des unités se construisent ».
L’unité... pour diviser !Valls est prêt à remanier son gouvernement « s’il y a un pacte » entre le PS et EÉLV, c’est-à-dire « s’ils considèrent que c’est possible de gouverner sur la ligne économique qui est la nôtre, sur les réformes en matière de transition énergétique que nous sommes en train de mener et sur la lutte contre les inégalités »...« Le logiciel de Manuel Valls est dépassé », lui répond Cécile Duflot, qui a la mémoire courte ou plutôt d’autres ambitions que certains de ses amiEs. Elle vise la présidentielle. Revenir au gouvernement ne peut que la desservir. Emmanuelle Cosse laisse la porte ouverte : « Le rassemblement ça se construit, avec du dialogue mais aussi avec des actes. Il faut un projet pour répondre aux angoisses des Français ». Jean-Vincent Placé, lui, affiche ouvertement ses ambitions ministérielles. Samedi dernier, les Verts « Valls compatibles » se réunissaient en compagnie de Corinne Lepage, Jean-Luc Bennahmias ou encore Antoine Waechter.« Le lancement d’une écologie clarifiée, ouverte et qui ne se disperse pas. On veut sortir du repli sectaire dans lequel se trouve EÉLV », dixit Jean-Vincent Placé... La scission est en route chez les Verts. Valls et Hollande poursuivent la liquidation des forces qui les ont soutenus. Et il n’y aura bientôt plus grand monde pour expliquer qu’il serait possible de changer de politique...La seule voie, c’est préparer l’affrontement avec ce gouvernement et ses amis qui ont une ambition commune, servir le Medef.
Yvan Lemaitre