Pour l’anniversaire des deux ans de présidence de Hollande, la question d’un effondrement possible du PS se pose...
D’abord, ce sont des résultats catastrophiques du vote PS aux municipales, dans un contexte politique spécifique où le président de la République est issu de ses rangs et bénéficie d’une réelle majorité parlementaire. 170 villes de plus de 10 000 habitantEs sont ainsi passés de gauche à droite. Cette défaite marque une coupure historique entre l’électorat de gauche et ses représentants : la fin du « socialisme municipal » et la mise à mal de ses réseaux d’influence tellement actifs dans la vie locale de nombreuses communes. Ces résultats sont l’expression d’une crise globale – sociale et politique – ainsi que d’une crise de confiance. Ensuite, la nomination de Valls, chef du gouvernement de combat pour accélérer les contre-réformes, est un échec : trois semaines après sa nomination, il n’obtient qu’une petite majorité sur son vote de confiance, et 41 députés socialistes s’abstiennent. Il s’est pourtant dépensé sans compter pour faire approuver son plan par des députés godillots qui ne veulent plus marcher, sonnés par les mauvais scores électoraux, tiraillés entre le ras-le-bol des militantEs qu’ils côtoient dans leurs circonscriptions et la pratique usante du soutien inconditionnel au gouvernement par la majorité parlementaire sous la Ve République. Au fond, en trahissant toutes ses promesses de candidat, Hollande désespère son propre camp. En appliquant à la lettre les vieilles revendications du capital et le programme de la droite sur la baisse massive du « coût du travail », sur des réformes structurelles des droits sociaux et sur la baisse drastique de la dépense publique, Hollande ne fait que renforcer la surenchère patronale et fédérer une partie de son opposition de droite.
C’est la crise !Crise de régime et chute du PS à l’horizon ? Hollande et Valls, fossoyeurs de leur propre parti ? La question se pose d’autant plus que les semaines qui viennent risquent d’être lourdes de dangers pour ce gouvernement et donc son parti. Une nouvelle défaite lors des prochaines échéances électorales est possible, voire probable. En effet, pour sortir du marasme hexagonal dans lequel il s’enfonce jour après jour, le PS semble vouloir conduire une campagne continentale, une campagne qui se veut de gauche, avec des critiques fortes de l’Union européenne, notamment sur l’absence de démocratie et l’aberration des décisions en matière de déficits publics. Mais qui pourrait aujourd’hui croire celui qui a trahi toutes ses promesses de résister à l’UE quand il était candidat, et s’est empressé d’aller signer le traité européen à peine élu ? Qui pourrait encore croire celui qui applique à la lettre les diktats de la commission pour imposer l’austérité ? Ces duperies continuelles risquent à nouveau de faire dans les urnes le succès de la droite et de l’extrême droite. Quelle que soit l’issue de la crise de régime qui s’annonce, notre responsabilité est de tout faire pour que notre camp s’organise, tout faire pour que la désillusion et le découragement de ceux qui n’en peuvent plus de payer leur crise, se transforment en luttes. C’est notre engagement.
Roseline Vachetta