Depuis le 28 novembre, on a droit à une nouvelle mise en scène du duo gouvernement – patronat imposée aux salariéEs dans la tête desquels on voudrait bien faire rentrer que la politique menée est la seule possible et que le gouvernement n’est pas le jouet du Medef...
Alors que se préparait la « semaine de mobilisation des patrons », c’est Bruno Le Roux, patron des députés du PS, qui montait au créneau en menaçant de « revenir » sur les 40 milliards de cadeaux du Pacte de responsabilité, et Le Foll de découvrir qu’il y a un « problème Gattaz »... Le patronat ne respecterait pas ses engagements. Quelle surprise, ils croyaient peut-être qu’il allait embaucher ? Comme si ces responsables du PS ne connaissaient pas les résultats de leur politique inscrite dans la continuité directe des gouvernements précédents ? Toutes les aides, exonérations et crédits d’impôts, ce sont 220 milliards de cadeaux chaque année pour les patrons aux dépens du fonctionnement des services publics n’ont pas servir à autre chose qu’à alimenter les profits et surtout pas à favoriser les embauches. Mais le gouvernement et sa majorité ont besoin de donner le change, de laisser croire qu’il n’y a pas d’autre politique que la leur mais c’est le patronat qui n’est pas compréhensif...
Le Medef sous-traite son combat politiqueIl n’y a pas que les marchés économiques que le Medef sous-traite aux PME. Le lundi 1er décembre, c’était la « mobilisation des petits patrons ». Les « petits patrons » sont, en effet, bien plus nombreux que les grands qui empochent l’essentiel des cadeaux fiscaux. D’autre part, les très petites entreprises (TPE), dont les chômeurs que l’on pousse à s’installer comme auto-entrepreneurs, font état de difficultés réelles qui n’ont rien à voir avec l’augmentation des salaires des grands patrons et la distribution des bénéfices aux actionnaires.Ce sont donc eux qui sont descendus dans la rue (entre 4 et 10 000), avec visuels et slogans travaillés : « Libérez nos entreprises » ou « On ne vous dit pas merci pour ce moment » ! Mercredi 3 décembre, c’était le grand show de toutes les organisations patronales à Lyon devant 3 000 patrons armés de sifflets. Mais l’objectif était bien de taper sur les clous que le Medef veut enfoncer dans nos têtes : se libérer du code du travail. Pouvoir embaucher et débaucher en fonction de leurs besoins reste l’objectif.
Le gouvernement, ce partenaire compréhensifCe n’est « pas un mouvement contre le gouvernement, mais contre des projets qui semblent dangereux », a indiqué un dirigeant de la CGPME tandis que Gattaz dénonçait le « gâchis de 30 années d’une politique économique brouillonne et désordonnée », rappelant que la hausse des impôts correspond à« 21 milliards de la responsabilité de Sarkozy-Fillon et 21 milliards de la responsabilité de François Hollande et de ses gouvernements ». Le patronat renvoie dos à dos ses serviteurs, qu’ils soient de droite ou de gauche...Il déroule la politique de défense de ses intérêts, s’adressant au gouvernement– quel qu’il soit – comme à un partenaire compréhensif, même si de temps en temps l’agenda interne de ce dernier l’amène à lâcher des grands mots. Valls l’a bien montré en réaffirmant sur France 2 sa confiance dans les entreprises et le Pacte de responsabilité, prenant ainsi le contre-pied de Macron qui avait remis en cause cette efficacité. Et Gattaz a immédiatement répondu : « Les engagements pris sur un certain nombre de problèmes concernant les entreprises vont dans le bon sens », il attend juste du concret pour « redonner confiance aux entreprises ».
Construire l’opposition à ce gouvernementCe qui rend ce grand cirque déprimant et leur permet de marquer des points dans la guerre idéologique, c’est la faiblesse des réactions du monde du travail. Le silence pesant des organisations syndicales ne permet ni la contre-offensive politique ni la visibilité des tentatives de résistance à la politique du gouvernement PS-Medef dans le public (santé, Éducation nationale, SNCF ou Poste) ou dans le privé (luttes sur les salaires, contre les licenciements).Pour virer ces mauvais acteurs, il n’y aura pas de raccourci ni de tours de passe-passes magiques : il y a urgence à ce que le monde du travail reprenne confiance dans la légitimité de ses besoins, de ses exigences, et dans ses forces pour les défendre.
Cathy Billard