À l’issue du second tour de la présidentielle et de la formation du nouveau gouvernement dirigé par l’ancien LR Édouard Philippe, la droite est en déroute mais bien en place au gouvernement.
Morne ambiance ce samedi 20 mai, lors du meeting de lancement de la campagne législative de la droite et du centre qui se tenait au Parc floral de Vincennes. Le discours de son chef de file, François Baroin, a semé la perplexité dans les rangs assez clairsemés des candidatEs et des militantEs.
Illustrant le slogan de campagne quelque peu ambigu, « Une majorité pour la France », Baroin s’est surtout employé à éteindre l’agressivité contre les « traîtres » et dessiner la perspective d’une victoire électorale qui aboutirait à une cohabitation avec Macron président. N’avait-il pas déclaré quelques jours plus tôt qu’une majorité LR-UDI ne serait pas en « affrontement »... mais dans une « coexistence tout à fait pacifique » avec la présidence de la République ?
C’est que Macron, qui n’avait pas besoin de déstabiliser un PS déjà liquidé par ses propres dirigeants – Hollande et Valls en tête – s’est employé à faire éclater la droite. D’abord en choisissant son Premier ministre, Édouard Philippe, parmi les proches de Juppé. Aussitôt après, une vingtaine d’éluEs LR ou de l’UDI – dont l’ancien porte-parole de Fillon, Thierry Solère, le sarkozyste Gérald Darmanin ou le partisan de Juppé, Benoist Apparu – ont envoyé un communiqué pour demander à leurs « familles politiques » respectives de « répondre à la main tendue par le président de la République ». Nathalie Kosciusko-Morizet s’est empressée alors d’appeler « les élus de la droite et du centre à adopter cette démarche constructive ». Tout cela au nom de « l’intérêt général » bien sûr...
Opération réussie
La composition du gouvernement avec deux ministres LR à des postes clés, Bruno Le Maire à l’Économie et Gérald Darmanin aux Comptes publics, a encore accru la confusion dans les rangs de parlementaires de droite avant tout préoccupés par la sauvegarde de leurs postes. De nouveaux ralliements ont fait jour à l’issue du dépôt des candidatures aux élections législatives. Vingt candidats investis dans le cadre de l’accord LR-UDI, dont quatre seulement avait signé l’appel des 173... n’auront pas de candidats de La République en marche (LREM) face à eux les 11 et 18 juin. Un geste qui n’est évidemment pas sans contrepartie...
Une chose est sûre, non seulement il n’y a pas incompatibilité entre Macron, son gouvernement, et la droite, mais bien malin qui peut les différencier tellement les programmes sont semblables. Juppé, dont le nouveau Premier ministre Édouard Philippe faisait la campagne des primaires, était partisan de supprimer 250 000 postes de fonctionnaires – quand Macron parle de 120 000 – et il envisageait, entre autres points communs, le même dynamitage du Code du travail. Et c’est bien ce qui pose problème à la droite d’autant qu’elle est prise en tenailles, d’un autre côté, par l’extrême droite.
Ainsi, alors que le numéro 2 du parti, Wauquiez, n’a pas de mots assez durs contre les « traîtres » qui rallient Macron ou s’apprêtent à le faire, Marion Maréchal Le Pen a confié au journal d’extrême droite Valeurs actuelles qu’il fait partie de ceux à droite, « dont les déclarations laissent penser qu’on aurait des choses à se dire et à faire ensemble »...
Galia Trépère