Si l’on aime les feuilletons, on pourra se délecter de cette rentrée gouvernementale, à condition toutefois de ne pas être trop regardant sur la qualité... Après les épisodes Hulot-De Rugy au ministère de la Transition écologique et solidaire, et le rebondissement inattendu du départ de Collomb, le dernier remaniement confirme la tendance lourde de cette bien mauvaise série.
Il y a d’abord le manque d’inspiration de scénaristes qui se prennent joyeusement les pieds dans le tapis : les surprises produisent toujours leurs petits effets auprès du public, à condition d’avoir été bien préparées… De ce point de vue, les départs fracassants de Hulot et de Collomb ont un peu pris de court le pouvoir lui-même, et la forme même de ces annonces (un « moment de grâce » à la radio pour le premier, un bras de fer gagné contre le président lui-même pour le second) est l’illustration qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de la Macronie. Car, après à peine plus d’un an d’exercice du pouvoir, les héros du capitalisme triomphant sont fatigués et ne font plus rêver grand monde, sauf les politiciens les plus opportunistes venus de gauche et de droite.
Que l’on se rassure, il reste quand même quelques « personnalités » toujours disponibles pour démarrer une brillante carrière politique sous le signe de Jupiter. Ainsi, dans la distribution de cette dernière saison arrivée sur nos écrans avec deux semaines de retard, on aura plaisir à découvrir en secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire… la directrice des affaires publiques de Danone Emmanuelle Wargon. En d’autres termes, une grande spécialiste du lobbying ! Laurent Nuñez, le super-patron du renseignement (DGSI) devient quant à lui le bras droit de Christophe Castaner, le tout nouveau ministre de l’Intérieur, champion incontesté du jeu de chaises musicales depuis l’arrivée de Macron au pouvoir. Et au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation débarque donc l’ex-sénateur PS Didier Guillaume... quelques mois après avoir « décidé de quitter la vie politique » ! En voilà un qui s’y connaît côté mangeoire !
De beaux pédigrees et de brillants parcours qui ne doivent pas nous faire oublier l’essentiel : si le casting change (mais si peu), leur triste scénario n’a, lui, pas bougé d’un iota. Il nous revient donc d’en arracher les pages pour en écrire de nouvelles.
Manu Bichindaritz