Publié le Lundi 7 avril 2014 à 19h32.

Revue de presse : Rwanda, fonds spéculatifs, Croatie

Revue de presse web n°19 – 7 avril 2014 - 20ème anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda ; nouvelle offensive des fonds spéculatifs ; mobilisations écologistes en Croatie.

Une revue de presse largement consacrée, cette semaine, aux commémorations du vingtième anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda, avec tout d’abord l’interview de Jean-Pierre Chrétien publiée sur libération.fr, dans laquelle l’historien revient sur les racines du génocide : « il a fallu des années de propagande, de falsification de l’Histoire, imposée notamment par le colonisateur, et de stigmatisation de l’Autre pour convaincre les esprits de la nécessité du pire. Au fond, l’Histoire se répète, et l’historien ne manque pas de souligner les parallèles troublants entre l’antisémitisme en Europe qui a conduit à la Shoah et ce qui s’est passé en 1994 dans ce petit pays au cœur de l’Afrique ».

Une mise en perspective essentielle, que l’on complètera utilement avec l’interview, réalisée par lexpress.fr, du journaliste Jean-François Dupaquier, qui insiste quant à lui sur les responsabilités françaises dans le génocide : « sans le soutien de Paris au régime du président Juvénal Habyarimana, le génocide n'aurait jamais pu avoir lieu. La France a fourni un parapluie militaire en repoussant les offensives du Front Patriotique Rwandais. Sans cet appui, le régime de l'époque n'aurait jamais eu le temps de préparer la tentative d'extermination de la population Tutsi. (…) Pour moi la connivence est évidente, les Français savaient qu'il y avait un génocide en préparation ». 

Des propos confirmés par ceux de Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée française, qui a lui aussi dénoncé ce matin, sur France Culture, les responsabilités de la France, en apportant un témoignage essentiel, « de l’intérieur » : « Guillaume Ancel, ancien officier, affirme que des frappes terrestres avaient été programmées sur Kigali ; que l'avancée du FPR (Front patriotique rwandais) devait être bloquée militairement ; que, à la mi-juillet, la France a rendu aux militaires rwandais réfugiés dans les camps du Zaïre les armes qui leur avaient été confisquées et qu'elle a payé leur solde en dollars ». Accablant.

On ne pourra dès lors que souscrire aux propos de l’association Survie, connue notamment pour son travail essentiel sur les politiques françaises en Afrique : « Sous prétexte de protéger une certaine vision de l’honneur de la France et de son armée, d’anciens responsables politiques ou militaires pressent François Hollande de taire les secrets les plus inavouables de l’armée et de la diplomatie française au Rwanda : Alain Juppé, alors ministre des affraires étrangères, Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée sous Mitterrand, Paul Quilès, qui a étouffé en 1998 les conclusions les plus accablantes de la mission d’information parlementaire, ou encore les anciens gradés de l’association France Turquoise. Pour beaucoup de ces défenseurs du rôle de la France au Rwanda, le contre-feux récurrent est la dénonciation du régime rwandais actuel et de son rôle dans la sous-région depuis 1994 - un sujet qui ne doit en aucun cas occulter le rôle de l’État français dans le génocide ».

Dans un tout autre registre, on relèvera cet article publié par Olivier Petitjean sur Basta !, consacré aux fonds spéculatifs qui, non contents d’avoir provoqué une crise économique et sociale aux conséquences désastreuses pour les populations du monde entier, entendent désormais se servir dans les fonds publics de nombreux États : « Plusieurs dizaines de fonds spéculatifs s’estiment lésés par la suppression d’aides publiques ou les restructurations de dettes souveraines menées en Europe. Au nom de la protection des investissements, ils attaquent donc les Etats devant des tribunaux commerciaux extranationaux. En jeu : des centaines de millions d’euros d’indemnités à empocher. Si leurs premières cibles sont l’Espagne, la Grèce et Chypre, d’autres pays pourront être concernés. Après l’austérité, les citoyens européens paieront-ils la facture de la crise une seconde fois ? ».

Un peu d’optimisme enfin avec cet article de Cémence Hutin publié sur Reporterre, consacré aux mobilisations écologistes en Croatie, dont les récents développements sont un encouragement à toutes celles et tous ceux qui refusent le fatalisme face aux « lois du marché » : « « On peut dire que la dynamique qui anime la société civile ces trois dernières années, pour protéger l’espace public, est vraiment liée [aux mobilisations écologistes]. Ça a réveillé quelque chose dans la population, cette volonté de défendre les biens communs, l’intérêt général, et de ne pas hésiter à prendre la rue pour s’opposer aux politiciens ». Inspirant et encourageant.

Julien Salingue

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Sources

« Shoah et Rwanda, des références communes » - Catherine Calvet et Maria Malagardis (Libération) - http://www.liberation.fr/monde/2014/03/28/shoah-et-rwanda-des-references-communes_991160

« Rwanda: "Sans le soutien de Paris au régime Habyarimana, le génocide n'aurait pas eu lieu" » - Karim Ben Said (L’Express) - http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/rwanda-sans-le-soutien-de-paris-au-regime-habyarimana-le-genocide-n-aurait-pas-eu-lieu_1506229.html#SDx50MukvUTDDhDu.01

« Nouvelles révélations sur l'opération humanitaire française au Rwanda en 1994 » - France Culture - http://www.franceculture.fr/2014-04-07-nouvelles-revelations-sur-l-operation-humanitaire-francaise-au-rwanda-en-1994

« Rwanda : les autorités françaises persistent et nient » - Association Survie - http://survie.org/genocide/implications-politiques-militaires/article/rwanda-les-autorites-francaises-4666

« Crise financière : comment des "fonds vautours" commencent à attaquer l’Europe » - Olivier Petitjean (Basta !) - http://www.bastamag.net/Crise-financiere-comment-des-fonds

« En Croatie, l’écologie fait bouger la société » - Clémence Hutin (Reporterre) - http://www.reporterre.net/spip.php?article5656