C’est peut-être autre chose qu’un simple sujet de rigolade mais il faut avouer qu’on se marre ! On ne va quand même pas se priver quand les ténors de l’UMP s’étripent à longueur de communiqués : « mafia » (Fillon), « méthodes de fascistes » (Etienne Pinte), « fraudeurs, tricheurs »… Et la séquence de folie collective continue après l’échec de la médiation de Juppé, le « vieux sage ».Pour beaucoup de médias, l’opposition Copé-Fillon représenterait, au-delà des ambitions personnelles, deux visions politiques profondément différentes entre, d’un côté une droite « décomplexée » lorgnant vers le FN, de l’autre une droite modéré, plus humaniste, gaulliste. Sans remonter au passé réactionnaire du gaullisme, le bilan des gouvernements Fillon, où les principaux acteurs des deux camps ont tous sévi, est suffisant pour ne pas se tromper sur une supposée modération de qui que ce soit.Droitisation de la droitePar contre, du côté de la droite copéiste (même si elle n’en a pas le monopole), la dérive en direction des thèses du FN est réelle. « Pains au chocolat » et « racisme anti-blanc » s’ajoutent au succès de la motion de la « Droite forte ». Votée en même temps que la primaire, cette motion arrive en tête, avec 28 %. Animée par Geoffroy Didier, ex-conseiller de Hortefeux et par Guillaume Peltier, ex-membre du FN, ex-MNR et ex-villieriste, ce courant développe un programme qui est un quasi copier-coller de celui du FN. Si on ajoute les 10 % pour la motion de la « Droite populaire », autre soutien de Copé et qui avait organisé l’année dernière l’apéro « saucisson pinard » à l’Assemblée, cela commence à faire beaucoup.Dernière indication de cette dérive, la comparaison instructive entre les départements qui ont voté majoritairement pour Copé et ceux qui ont donné des scores importants pour Marine Le Pen car ce sont souvent les mêmes (voir le sitewww.ipolitique.fr ).L’original et la copiePour des politiciens comme Copé, ce nouvel alignement relève sans doute davantage d’une tactique pour revenir au pouvoir après une longue série de défaites électorales. Gagner une partie des militants d’extrême droite comme Peltier et « tolérer » des alliances locales ponctuelles avec le FN, le pari semble risqué. L’idée que les gens « préfèrent l’original à la copie » n’a pas été démentie et pour l’instant les dirigeants du FN parient de leur côté sur une implosion de l’UMP et sur la venue sur leurs propres positions de pans entiers de ce parti. Le scénario à l’italienne d’un alignement d’un parti fasciste sur les positions d’une droite dure ne semble pas être immédiatement à l’ordre du jour.Pour une partie des fillonistes, l’option de gouverner au centre en rejetant toute alliance avec le FN leur semble plus appropriée. L’ennui pour eux est que ce terrain est de plus en plus occupée par un PS qui continue à se droitiser et peut-être demain par un Borloo qui commence à se placer.Les divisions parmi ceux qui nous dirigent nous intéressent toujours mais à condition que notre camp soit capable d’en profiter comme par exemple lors de l’opposition entre Villepin et Sarkozy pendant le mouvement contre le CPE. C’est donc à la reconstruction d’un mouvement d’un même niveau de détermination que nous devons tourner toutes nos forces, un mouvement qui regrouperait tous les gens qui subissent les conséquences de la crise et les attaques du patronat et du gouvernement actuellement à son service.Ross Harrold
Crédit Photo
Photothèque Rouge/DR