Publié le Mardi 28 février 2023 à 22h17.

Saint-Jean-de-Luz : « Quand on ne sait pas, on se tait ».

Tom X, un élève de 16 ans du lycée privé Saint-Thomas-d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz a poignardé et tué avec un couteau de cuisine, sa professeure d’espagnol, Agnès Lassalle, pendant un cours.

Inculpé de meurtre avec préméditation, il a été placé en détention. L’émotion soulevée par cet assassinat d’une enseignante dans sa classe est à la mesure de la grande souffrance et du désarroi qui pèsent sur une école en crise. Elle a fait revivre les traumatismes laissés par l’assassinat de Samuel Paty il y a deux ans et demi.

S’y ajoute la sidération provoquée par un acte qui semble échapper à toute rationalité.

C’est ce que ne semble pas avoir saisi la meute de droite et d’extrême droite qui, par réflexe pavlovien, a immédiatement cru pouvoir faire sonner les trompettes sécuritaires. Dénoncer dans ce crime un nouvel épisode de « l’ensauvagement » (Ciotti) ou de « l’ultra violence » qui « a conquis toute notre société » (Marine Le Pen), exiger une « révolution pour protéger nos enfants et leurs éducateurs » (Retailleau) ou estimer urgent de « revoir la gradation des peines des mineurs » n’a dans ce cas guère de crédibilité. Une telle construction idéologique aura du mal à convaincre quand le meurtre est commis par un jeune « très bon élève » dans un établissement privé « calme et cossu » du centre-ville où règne la « sérénité » aux dires du ministre de l’Éducation nationale. À trop vouloir prouver, on finit par se prendre les pieds dans le tapis sécuritaire.

Les éléments rendus publics suggèrent que l’état psychique du meurtrier pourrait être un élément pour comprendre l’incompréhensible. Suivi pour « dépression » il aurait fait à l’automne une tentative de suicide. Selon le procureur, « durant la garde à vue, le mis en cause a fait état d’une petite voix qui lui parle. Un être qu’il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l’incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré, la veille, de commettre un assassinat. »

Selon son avocat, il ne se reconnait pas comme l’auteur conscient de son acte.

Dans ces conditions le traitement de ce dossier par la justice, sur un mode purement répressif, en s’appuyant sur l’avis d’un expert, et sur le fait que l’acte aurait été prémédité, apparait des plus contestable. La probable dimension psychiatrique de l’acte est reconnue en parole, pour être immédiatement niée dans les faits. L’avocat de l’accusé est en droit de s’exclamer : « Dans une affaire de cette gravité, quand on n’est pas certain ou quand on ne sait pas, on se tait ! »

Ce serait en effet le minimum.