Après la claque prise par Sarkozy, l’avenir du parti de l’ex-président s’assombrit. Le retrait annoncé de Sarkozy associé à la pression politique du Front national entraîne les premières fissures et annonce de possibles décompositions-recompositions de l’UMP.En déclarant de façon grandiloquente le 6 mai au soir qu’il redevenait « un Français parmi les Français », Sarkozy a ouvert à droite la boîte de Pandore. « Une autre époque s’ouvre », cela ne fait pas de doute, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’UMP ne semble pas bien savoir vers où aller. Après avoir chassé sur les terres du Front national pour récupérer quelques voix, manœuvres de la dernière chance, la droite démarre sans trop y croire sa campagne pour les législatives et y retrouve sur sa route l’extrême droite.Droite extrême ou extrême droite ?On ne compte plus dans les rangs des dirigeants de l’UMP les clins d’œil appuyés en direction du FN. À quelques jours du second tour, c’était le ministre de la Défense Gérard Longuet qui donnait une interview au journal d’extrême droite Minute pour y dire que Marine Le Pen était, contrairement à son père, « un interlocuteur » possible, avec qui il est « désormais possible de parler de sujets difficiles ». Au lendemain de la présidentielle, c’est maintenant un député membre de la Droite populaire , Jean-Paul Garraud, qui pose publiquement la question de se tourner vers le FN : « une majorité des électeurs de l’UMP et des électeurs du FN veulent un rapprochement. Qu’est-ce qui est le plus important pour la France ? Cette question, seule, doit nous guider. On devient pragmatique ou on reste dans les blocages idéologiques ? »
Dans ce contexte, chacun joue sa carte et prend ses distances. Ainsi Chantal Jouanno, ex-secrétaire d’État devenue sénatrice, critique directement le chef Sarkozy et le secrétaire général de l’UMP, Copé : « En validant les mots et l’agenda du Front national, ou en donnant le sentiment de les valider, nous avons perdu des points dans la présidentielle... » Fillon et Juppé, l’œil déjà rivé sur 2017, sont au diapason... Sauvegarde électorale et déconfiture idéologiqueTout cette agitation est révélatrice de l’ampleur de la crise d’une droite qui s’interroge sur son identité. Et les élections législatives vont certainement marquer une accélération de cette crise.
En effet, le premier tour de l’élection présidentielle montre la consolidation des positions du FN. Il est malheureusement très probable que celui-ci dépassera son record de 1997 : 133 circonscriptions où il avait pu se maintenir au second tour des élections législatives. Peut-être plus du double dans quelques semaines...
Une vraie machine à perdre pour la droite. Et quand on sait que le total des voix de droite et d’extrême droite au premier tour de l’élection présidentielle est supérieur à celui de la gauche et de l’extrême gauche dans 349 des 577 circonscriptions, on se dit que bien des politiciens aux abois vont vouloir se donner tous les moyens de sauver leur place.
Ce sont ces petits calculs et la montée des idées réactionnaires sous la pression de la crise économique qui rendent toujours plus poreuses les frontières entre l’UMP et le FN, et peuvent ouvrir la voie à un nouveau parti populiste d’extrême droite. Une lourde menace pour les catégories populaires.
Manu Bichindaritz