La crise politique, morale, idéologique et financière de l’UMP n’en finit plus. Sous perfusion, sur fond d’affaires et de révélations financières, de plus en plus de voix s’élèvent pour une reconstruction, voire une « révolution »...
L’audit des comptes de l’UMP, commandé par le triumvirat Juppé-Fillon-Raffarin a été dévoilé le 8 juillet dernier. Et même si le parti n’est pas encore « mort » comme l’a dit Estrosi ces derniers jours, il est clairement au bord du gouffre. Ses dettes s’élèvent à 74,5 millions d’euros. Copé, qui a démissionné le 27 mai, a toujours minimisé le niveau d’endettement en intégrant la valeur du siège, estimé à 38 millions d’euros, dans les actifs de l’UMP. Un calcul visant à masquer l’ampleur des dettes abyssales du parti sous sa présidence.Afin de pouvoir rembourser ses dettes, l’UMP va devoir s’imposer un plan de rigueur avec, en particulier, une réduction de 20 % de ses dépenses de fonctionnement. Terminé donc les remboursements des factures téléphoniques de Rachida Dati à hauteur de 10 000 euros ou de certains de ces voyages malgré la gratuité dont elle bénéficie en tant que députée européenne ; Terminé également les permanents politiques grassement payés ou encore les voyages des « épouses de »…Mais la cure d’austérité va également impacter « l’animation politique » du parti : le coût des meetings et des campagnes électorales ne devra pas excéder 19,2 millions d’euros pendant les trois prochaines années. Cela alors que le parti entre dans une phase d’activité politique majeure, avec le congrès à l’automne et la primaire en 2016 en vue de la présidentielle de 2017. Petit rappel, l’UMP avait déboursé 44 millions d’euros en 2006-2007 pour cette même activité politique...
Divisions et panne idéologiqueLa direction du parti n’est pas seulement confrontée à des problèmes financiers ou aux « coups bas » dans les médias de la part des différents « ténors », celui-ci traverse aujourd’hui une grave crise politique et idéologique. « Ce n’est pas ses finances qui plomberont l’UMP. C’est son incapacité à se rassembler autour d’objectifs communs », reconnaît Juppé. Cela semble passer au second plan, puisque aujourd’hui, la seule obsession de l’UMP est de découvrir la « taupe » qui balancerait des infos aux médias.Mais quelques voix s’élèvent désormais : le plus virulent est sans aucun doute l’ambitieux Estrosi qui ces derniers jours a fait parler de lui en estimant que le « parti est déjà mort », qu’il est devenu « un parti bourgeois et élitiste » qui « ne distribue plus que des investitures et ne produit plus d’idées nouvelles ». Et propose donc pour que cela change… sa candidature à la future primaire, mais également un « changement de nom » du parti.Certains à l’UMP, comme Enguerrand Delannoy, cofondateur de la Boîte à idées et élu dans la Vienne, pense que « La question n’est pas une affaire d’hommes, c’est comment on remet en route la machine à réfléchir d’un parti fragilisé sur le plan intellectuel et idéologique ». Car le plus grave problème de l’UMP aujourd’hui est bien sa difficulté à définir son socle idéologique, d’autant plus que « François Hollande a siphonné une partie des propositions de Nicolas Sarkozy », souligne un ancien conseiller élyséen.Sans parler de la pression qu’exercent le Front national et Marine Le Pen d’un côté, et dans une moindre mesure le pôle centriste de l’autre. L’UMP n’a d’ailleurs toujours pas tranché sa stratégie par rapport au Front national, qui le grignote sur sa droite.L’implosion est pour bientôt ?
Sandra Demarcq