François, le pape en exercice, a choisi d’en terminer un lundi de Pâques, sans doute pour conforter son image de pape un peu décalé. Celui qui voulait « une église pauvre pour les pauvres », premier pape non européen, aura tenu à marquer son pontificat par un engagement auprès des migrantEs (lui-même Argentin issu d’une famille de migrantEs italienNEs), par l’expression de sa solidarité avec le territoire accueillant de Lampedusa, par certaines prises de position en faveur des GazaouiEs, par sa volonté d’un rapprochement avec l’islam. Auréolé d’une réputation de pape progressiste, notamment quant à l’homosexualité, il aura tout de même tempéré l’enthousiasme de ses zélateurs par des déclarations très brutales sur l’avortement.
Il va devoir maintenant subir les hommages appuyés et hypocrites de crapules d’extrême droite qui l’ont traité en ennemi (Milei, Trump) et de tous les dirigeantEs de la mondialisation piteuse, à l’instar d’un Macron, qui, à l’inverse de ce qu’il a voulu promouvoir, sont les tenantEs sans complexes d’une classe de riches contre les pauvres.
L’immense majorité des très nombreux catholiques du monde entier font partie de notre camp social et, à cet égard, la couleur affichée par le premier d’entre eux ne peut pas nous être totalement indifférente. Dans une période marquée par la fascisation des pouvoirs partout dans le monde, par le durcissement de l’encadrement des migrations et l’érection de plus en plus de murs aux frontières, une parole pontificale confortant la solidarité ne peut qu’être bonne à prendre. Cependant, nous savons que l’Église catholique, incarnée par le pape, est une puissance étatique qui se tient fermement aux côtés des puissants, qu’elle n’a jamais dérogé à son soutien au système capitaliste. C’est pourquoi nous pensons que l’espoir évoqué par François dans ses discours, ne saurait être suspendu à une prochaine fumée blanche, à l’issue du conclave (le vrai, celui-là !), mais bien plutôt dans la capacité des oppriméEs et des exploitéEs, croyantEs ou non, à s’organiser ensemble pour construire une société, non pas pauvre mais sobre, pour toutes et tous sur la planète.