Le 9 janvier, les « Décodeurs » du journal le Monde rendaient publics les résultats d’une enquête menée sur les destinées des ministres du premier quinquennat Macron. Avec notamment un chiffre particulièrement révélateur : sur les 65 personnalités qui ont eu un portefeuille ministériel entre 2017 et 2022, 24 sont désormais dans le secteur privé.
Le « pantouflage », terme qui désigne le fait pour un haut fonctionnaire d’aller travailler dans une entreprise privée, n’est pas un phénomène nouveau. Mais il a connu une accélération spectaculaire ces dernières années, qui ne concerne pas que les anciens ministres et secrétaires d’État. Le 6 janvier, dans une première enquête, le Monde révélait ainsi que ce sont des dizaines de conseillers et autres collaborateurs qui ont rejoint des entreprises privées après avoir exercé des responsabilités dans les ministères.
Pour certains, c’est un retour à la case départ, puisqu’il s’agissait de salariéEs du privé « débauchés » par la Macronie pour construire la « start-up nation ». Mais pour d’autres, plus nombreuses et nombreux d’après le Monde, il s’agit d’une nouvelle activité, et l’on ne doute pas que les entreprises qui les ont recrutés ont bien perçu les avantages de s’adjoindre les services de ces individus, en lien avec le pouvoir, avec lesquels elles ont été en contact durant le premier quinquennat.
Officiellement, cette pratique est encadrée par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Mais le moins que l’on puisse dire est que tout — ou presque — semble permis. L’ancienne ministre du Travail Muriel Pénicaud est ainsi devenue administratrice du géant de l’intérim Manpower. L’ancienne secrétaire d’État à la Transition écologique, Brune Poirson, est désormais directrice du développement durable du groupe hôtelier Accor. L’ancien ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a quant à lui pris la présidence d’Hopium, une start-up commercialisant… des voitures à hydrogène.
On le savait déjà, mais ces nouveaux éléments le confirment : la « start-up nation » est gangrenée par les conflits d’intérêts, les petits arrangements entre amis et la mise à disposition des moyens de l’État pour le secteur privé, quintessence du néolibéralisme autoritaire. C’est de tout cela qu’il faudra se débarrasser, pour prendre vraiment nos affaires en main et faire fonctionner cette société dans l’intérêt du plus grand nombre.