Depuis 1950, à l’initiative de l’Organisation mondiale de la santé, le 7 avril est devenue une journée mondiale de la santé afin de « permettre au monde de se pencher sur les problèmes importants de santé publique et d’encourager un débat entre les responsables et les parties prenantes ».
Le collectif unitaire « Notre santé en danger » a donné en France un caractère revendicatif à cette journée en organisant depuis plusieurs années des rassemblements, manifestations et des débats à Paris et dans des villes de province. Ces initiatives se sont ensuite étendues dans plusieurs pays à l’initiative du « Réseau européen contre la privatisation et la commercialisation de la santé et de la protection sociale. »
En Europe, du constat à la mobilisation
Au cours des deux dernières années, la crise Covid-19 a mis en évidence les failles de nos systèmes de santé. Dans ce contexte pandémique, les impératifs de restriction des dépenses publiques, les exigences de rentabilité, la commercialisation et la privatisation de la santé ont renforcé le manque criant – et déjà dénoncé bien avant la crise – de moyens humains, matériels et financiers. Ces conditions ont eu des conséquences délétères sur les systèmes de santé et sur la santé des populations. À partir de cette observation, des organisations membres du réseau européen préparent à nouveau cette année des mobilisations dans leurs pays, et des collectifs de plusieurs villes de Belgique réservent des bus pour participer aux initiatives à Paris.
En France des appels unitaires
Avec le soutien de partis politiques (Ensemble, La France insoumise, NPA, PCF) plus de 25 associations (dont Attac, les collectifs inter-urgences et inter-hôpitaux, l’Association des médecins urgentistes de France, la Convergence des comités de défense des services publics, la Cadac, la Coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités, Médicaments biens communs, le Printemps de la psychiatrie...), une mutuelle (la FMF), des syndicats (FSU Nord, Solidaires, Sud santé sociaux, l’Union Syndicale de la Psychiatrie...) s’opposent à la marchandisation et la privatisation de la santé et exigent que la santé et l’action sociale deviennent « une priorité des politiques publiques ». La CGT santé-action sociale s’est associée à la mobilisation avec son propre appel.
Les revendications des organisations signataires
Un égal accès pour touTEs à la Santé, sans limitation de quelque sorte que ce soit, financière, géographique, culturelle, de genre, d’origine ;
Un système de santé, un secteur médico-social et social public et associatif non lucratif, incluant les soins primaires, la prévention, l’information, l’accompagnement psychologique et social, le soin relationnel, la prise en charge de la perte d’autonomie, la lutte en amont contre les causes des maladies ;
Un secteur hospitalier public assurant l’accès à des soins de qualité et de proximité ;
Des professionnelEs de la santé et du social qualifiés, reconnus, et rémunérés en conséquence, en nombre suffisant, un recrutement à la hauteur des besoins co-évalués, une répartition équitable sur l’ensemble du territoire ;
L’arrêt des politiques d’austérité et l’obtention de moyens humains, matériels et financiers à la hauteur des besoins ;
En psychiatrie, redonner les moyens de la politique de secteur publique dans le cadre de la psychothérapie institutionnelle ;
Les organisations signataires refusent que les multinationales de la santé et de « l’or gris » fassent des profits indécents sur la santé, la maladie et la perte d’autonomie et concurrencent nos services publics. Elles s’opposent à la marchandisation et la privatisation de la santé dans toutes ses dimensions : pas de profit sur la santé, pas d’argent public pour des profits sur la santé !
Elles demandent la levée de tous les brevets sur les médicaments, traitements, appareillages médicaux dans le cadre de la pandémie Covid-19 et de ses suites, afin que cela devienne des biens communs de l’humanité, alors que 40 % des habitantEs de la planète n’ont encore eu accès à aucun vaccin.
Elles veulent une protection sociale solidaire ouverte à toute la population, garante du financement des dépenses de santé, assurant une prise en charge des soins, de la perte d’autonomie et de la prévention à 100 %.
Contre la résignation, la soumission ou la démission, les organisations signataires ont affirmé leur volonté d’offrir une alternative afin qu’ensemble usagers, salariés, reprennent possession de leur bien commun, un système public de santé, d’action sociale et de protection sociale, plus juste, plus solidaire, satisfaisants les besoins de la population plutôt que le portefeuille des actionnaires.
Les mobilisations
À Paris une manifestation aura lieu à 14 h 30, de Bastille jusque République, où aura lieu un rassemblement festif et revendicatif à partir de 17 h. Une restauration (buffet froid) est prévue.
À l’heure où nous rédigeons cet article nous avons aussi connaissance de mobilisations à Besançon, Lille, Sarlat, Tours, Toulouse.