Publié le Mardi 12 avril 2022 à 18h30.

Le 7 avril, mobilisation contre la commercialisation de la santé

Le réseau européen contre la privatisation et la commercialisation de la santé et de la protection sociale avait choisi Paris, cette année, pour crier haut et fort ses exigences, lors de la journée mondiale de la santé du 7 avril.

 

À quelques jours de la présidentielle, avec un Macron qui préside l'Union européenne, l'occasion était là de dénoncer les failles des systèmes de santé, minés bien avant le covid par les restriction des dépenses publiques, les exigences de rentabilité, le manque de moyens humains, matériels et financiers. Avec des conséquences délétères sur les systèmes de santé, les personnels et la santé des populations.

« L’autre pandémie »

Le réseau européen s'est construit autour des années 2012, après les rencontres d'Amsterdam, de Katowice et de Nanterre, notamment autour des syndicats grecs et polonais de la santé, mobilisés contre la destruction des systèmes de santé de leur pays par la troïka et l'austérité. Face aux politiques de casse de la santé, unir personnels et usagerEs, à l'échelle européenne, voilà le défi. Ce réseau a pu se maintenir, malgré les difficultés, notamment grâce au fort appui militant des syndicats belges. Soucieux de la santé de tous les peuples de la planète, car la santé est un bien commun, il travaille en étroite collaboration avec People's Health Movement.

La mobilisation a été lancée le 31 mars à Bruxelles, où une délégation du réseau européen est allée à la rencontre des députés européens, sur le thème de « La commercialisation de la santé : l’autre pandémie ! ». Trois webinaires avaient été organisés en ligne sur le sujet, avec des intervenants de nombreux pays européens. Le 7 avril, la matinée était consacrée à une conférence de presse européenne, avec près de 15 organisations présentes. Syndicalistes belges, italiens, hollandais ont pris la parole, avec les collectif inter-hôpitaux et inter-Urgences, People's Health Movement, le collectif Stop brevets, les secrétaires des fédérations CGT et Sud santé, les Mutuelles de France et les Mutuelles du Vaucluse, Notre santé en danger… Un même constat : la dégradation de la santé et du médico-social, au nom d’une dette qui n’est pas la nôtre. Les politiques de démantèlement des systèmes de protection sociale non marchand, au profit des complémentaires privées et du pillage par les trusts pharmaceutiques. Les conséquences de la gestion marchande de la santé, avec le scandale Orpea ou les peuples des pays pauvres privés de vaccins.

L'après-midi, manifestation place de la Bastille, comme dans une dizaine de villes de France. Un cortège coloré, bruyant, festif, féminin, avec beaucoup de femmes racisées, à l'image des salariéEs de la santé diront les optimistes. Signe des temps, seulement 450 manifestantEs, dont près de 300 belges, malgré 50 organisations signataires en France, diront les autres, qui noteront les syndicalistes covidés, les personnels débordés, la fuite de 60 000 salariéEs de l'hôpital, faute d'espoir de faire bouger les choses. Difficile de mobiliser dans le secteur, même si les luttes du médico-social ou des psychologues en soulignent la possibilité et l'urgence. Une mobilisation unitaire à saluer, mais qui peine à établir un rapport de forces, à l'image de la situation en France.