Au Centre Pierre-Janet (psychiatrie de l’hôpital du Havre, voir l’Anticapitaliste n°435), la lutte a franchi un nouveau cap le 26 juin.
Devant le refus de la directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) de venir constater la situation et de négocier sur place, sept soignantEs, ont, comme l’avaient fait leurs collègues du Rouvray quelques semaines plus tôt, décidé de mettre leur santé en danger pour débloquer la situation. Ils se sont installés sur le toit des urgences psychiatriques et sont déterminés à n’en redescendre qu’à la venue de la directrice de l’ARS.
Solidarité avec les « perchés »
Lors de la manifestation du 28 juin, le cortège, ouvert par les hospitaliers est passé devant « Janet » et, chacun à leur tour, fonctionnaires, cheminotEs, dockers et agents portuaires ont ovationné les « perchés ». Le cortège santé, dynamique, est allé jusqu’à la sous-préfecture pour être entendu.
Collègues, patients, familles, personnels d’autres sites de l’hôpital du Havre, retraitéEs, grévistes du Rouvray… viennent partager des moments de solidarité, apporter vivres et boissons aux « perchés », 24 heures sur 24. Le 27 juin, notre camarade Christine Poupin, porte-parole du NPA, est venue rencontrer les grévistes et leur apporter notre soutien.
La situation des « perchés », avec la chaleur intense qui règne actuellement, va devenir critique à court terme. La semaine va donc être décisive. Les médecins de Janet se rendaient lundi à l’ARS pour exiger une réponse aux revendications des grévistes, le président de la commission médicale d’établissement (CME) du groupe hospitalier du Havre devait évoquer la question lors d’une rencontre mardi avec la ministre, mais pour l’instant rien n’est acquis et le soutien doit partout s’amplifier. Le ministère et l’ARS doivent mettre fin à une situation insupportable qui amène des salariés à mettre en jeu leur santé pour… permettre aux patientEs dont ils et elles ont la charge d’être soignés décemment.
Au Rouvray, la lutte continue
Pendant ce temps à Rouen, au « Rouvray », les lendemains de la grève ne sont pas un long fleuve tranquille ! Le protocole concrétisant les acquis de la lutte a bien été signé le 29 juin. Ce sera un point d’appui solide alors que le directeur part en retraite et que s’ouvre une période d’intérim et d’incertitudes pour l’établissement. Le médecin-« super-manager » qui préside la CME entend en effet utiliser la période de vacance du pouvoir pour imposer sa vision d’une psychiatrie ou la gestion passe avant l’humain, tout ce que les grévistes ont combattu pendant leur mouvement. Il a obtenu du directeur, avant son départ, la dissolution d’un des « pôles » de l’hôpital, dont il pourra ainsi plus facilement s’attribuer les moyens. C’est pourquoi, dans une lettre à la ministre, les organisations syndicales et l’ancien comité de grève ont exigé son départ, ainsi que celui de la directrice des soins, elle aussi « super-manageuse », condition de retour à une ambiance satisfaisante dans l’établissement.
Pour disposer des moyens d’un service public de psychiatrie, d’un soin psychique de qualité, d’une psychiatrie humaniste, la lutte continue donc en Seine-Maritime.
CorrespondantEs