De Gaza à Paris, on mesure l’état d’une société à la manière dont elle traite ses malades et ses blesséEs. Là-bas, au nom de la « lutte contre le terrorisme », on bombarde les hôpitaux et on condamne à mort des civilEs malades, en privant les établissements hospitaliers des moyens de fonctionner. Ici, avec la suppression de l’AME, on voudrait priver les immigréEs sans papiers de l’accès aux soins, une discrimination abjecte car il en va de la santé et de la vie de milliers d’êtres humains.
Pour tenter de reconquérir les électeurs de Marine Le Pen en reprenant ses propositions, la droite, majoritaire au Sénat, avec l’appui « à titre personnel » de Darmanin, a voté la suppression de l’Aide médicale d’État, qui permet aux étrangerEs sans papiers d’accéder aux soins. Les sénateurs lui substituent une « aide médicale d’urgence » pour quelques soins « d’urgence » ponctuels, qui n’est en aucun cas une couverture maladie.
En plus d’être raciste et inhumaine, cette mesure, si elle était adoptée, serait une décision absurde. Loin des fantasmes de l’extrême droite qui décrit une mesure ruineuse pour la Sécurité sociale dont viendraient « profiter » les étrangerEs, l’AME (1,2 milliard d’euros) représente 0,5 % du budget de l’assurance maladie (260 milliards). Plus de 43 % des sans-papierEs n’en bénéficient même pas alors qu’ils y ont droit.
À l’inverse, sa suppression aurait pour conséquence immédiate de faire aboutir « en urgence » à l’hôpital, pour des soins inévitablement coûteux, des personnes qui auraient pu être soignées plus tôt, dans de meilleures conditions. Cette mesure représenterait une atteinte à la santé de tous, les virus et bactéries ne faisant eux pas de discrimination. Ce sont les politiques abjectes qui creusent les inégalités sociales et de santé et accroissent les risques d’épidémie. Ne pas soigner un sans-papier atteint de tuberculose, c’est accroître le risque de développer la maladie dans toute la population.
Plus de 4 500 médecins et soignantEs appellent à la désobéissance civile et s’engagent à « continuer de soigner gratuitement les malades sans papiers, si l’AME devait disparaitre ».
Les 80 organisations (syndicats, mutuelles, associations) regroupées au sein du Tour de France de la santé affirment dans un appel lancé le 14 novembre leur exigence « d’un dispositif unique de protection maladie pour toute personne sur le territoire, sans aucune discrimination » avec « une seule et même carte Vitale pour toutes et tous… »1.
Une exigence qui par la mobilisation, face à une macronie divisée peut et doit être gagnée.