Des taux de grévistes énormes… des manifestantes de Paris et de Marseille annonçaient que 80 % des soignants de l’AP-HP et de l’AP-HM s’étaient déclarés en grèves toutes catégories confondues médecins, cadres de santé, infirmier-ères, aides-soignantes, paramédicaux... La forte mobilisation des toubibs qui constituent le gros du collectif inter-hôpitaux a certes créé une dynamique mais c’est le mécontentement important dû aux conditions de travail qui ne cessent de se dégrader chaque année et la perte du sens du travail qui explique l’importance de la mobilisation.
À Paris le cortège qui regroupait entre quinze et vingt mille manifestantEs était généralement combatif et joyeux, avec beaucoup de jeunes, notamment des internes en médecine. Les syndicats ne regroupaient pas la majorité des manifestants qui défilaient derrière les banderoles sans dénomination autres que celles de leurs hôpitaux ou avec les collectifs inter-urgence et inter-hôpitaux. La défiance vis à vis du gouvernement apparaissait un peu partout dans les slogans et dans les discussions…
Dans plusieurs villes comme Besançon les manifestants s’étaient partagés entre la manifestation locale devant les ARS ou devant les hôpitaux entourés de chaînes humaines et « la montée » à Paris. D’autres hôpitaux n’ont pas souhaité ou n’ont pas eu les moyens de se déplacer et ont organisé des manifestations dans de nombreuses villes
Les hôpitaux psychiatriques étaient présents comme ceux du Rovray avec un cortège animé par le collectif des blouses noires créées lors de la mobilisation de l’année dernière.
Et surprise, le CHU de Rouen, qui était en retrait par rapport à la mobilisation enclenchée par les urgentistes, était très fortement mobilisé. Alors que les militants syndicaux craignaient encore il y a quelques jours de se retrouver à 50, grosse mobilisation : beaucoup de personnels + étudiants + internes + médecins. Une chaine humaine a parcouru Charles Nicolle sur toute sa superficie. À la fin, rassemblement dans la cour d'honneur au moins sur 4 rangs, ce qui fait bien 600 personnes. On n'est pas arrivé à faire sortir le DG, mais seulement le DGA (et encore au bout d'une demi-heure de slogans), qui a reçu une délégation. Certains étaient blocs fermés, les opérations repoussées.
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Sur Quimper, en début d’après-midi, environ 600 salariéEs du CHIC Laennec rejoints par ceux de EPSM Gourmenlen mais aussi quelques politiques (PCF, NPA) et des gilets jaunes pour se rendre à l'ARS qui a refusé de recevoir une délégation. La députée LRM a reçu une délégation CGT, CFDT et SUD. Bien sûr, elle ne reviendra pas sur son vote.
À partir de 18 heures devant la mairie, il y a eu un rassemblement à l'appel des comités de défense de l’hôpital de Concarneau et de l’hôpital de Douarnenez, beaucoup d’organisations et une partie des salariés. Au moins 300 personnes se sont réunis devant 2 barnum pour faire un Plan Blanc, une série de prise parole sur les conditions de travail des salariés à l’hôpital mais aussi en EHPAD sur les attaques sur la sécurité sociale mais aussi en EHPAD, sur l'aide médicale d'ETAT, sur la précarité qui tue, sur la nécessité des convergences des luttes, l'appel au 5/12, tout cela émaillé de chants et de vin chaud.
À Bordeaux, malgré la pluie et les très nombreuses assignations de personnels grévistes, plus de 500 hospitaliers mais aussi des pompiers, des usagers ont manifesté aux cris de "Hôpital en danger", "Buzyn tu sers à rien" ou "Des hommes, des femmes, des moyens nom de dieu, Une révolution pour soigner comme on veut !" Des délégations étaient venues d'hôpitaux voisins, tel celui de Langon, tandis qu'un autre rassemblement avait lieu devant l'hôpital de Libourne. Au CHU de Bordeaux, fait très rare, 8% des médecins étaient en grève et plusieurs dans la manifestation. Une délégation rassemblant pompiers, personnels hospitaliers et plusieurs médecins a été reçue à l'ARS sans, bien sûr, qu'il en ressorte quoi que ce soit...
Pour la suite, des personnels ont proposé en fin de manifestation que des piquets s'organisent devant les établissements les prochains jeudis. A suivre donc... Et sans attendre des luttes locales continuent comme au bloc des urgences de Pellegrin en grève depuis le 28 octobre, ou démarrent, comme chez les manipulateurs radio de Libourne...
S. Bernard et correspondants