Au collectif inter-urgences, la barre des 50 services en grève est franchie. Partout en France, de Brest à Mulhouse, d’Angers à Aix en Provence, de Besançon à Beauvais, de Lyon à Bordeaux, à Dieppe, Vienne, les grévistes adhèrent au Collectif qui organise une rencontre nationale, le samedi 25 mai, à Paris.
À l’origine de cette mobilisation initiée mi-mars à l’AP-HP, les coupes budgétaires, notamment dans la masse salariale. Ainsi les urgences, porte d’entrée de l’hôpital, sont privées de personnel, et la misère du monde y explose, mettant en danger les soignantEs qui n’arrivent plus à assurer la sécurité des soins.
Souffrance chez les infirmierEs
Le constat d’un observatoire lancé par des syndicalistes, pour objectiver la souffrance infirmière, est sans appel : 30 infirmierEs sont agressés chaque jour. 20 % des infirmierEs partent en retraite avec un taux d’invalidité, et une espérance de vie inférieure de 7 ans. 30 % des jeunes diplôméEs abandonnent la profession dans les 5 ans qui suivent le diplôme. Perte de sens, charge de travail impossible, stress, burn out, dépressions, jusqu’au suicide : depuis juillet 2016, 12 infirmierEs se sont donné la mort, sur leur lieu de travail ou en laissant une lettre explicite. Terrible réalité qui explique les difficultés de l’AP-HP à combler 400 postes vacants d’infirmierEs, au moment où elle s’est engagée à renforcer de 61 soignantEs les urgences et à y remplacer tous les congés maternité.
Soutenus par les équipes médicales atteintes, elles aussi, d’épuisement professionnel, les personnels exigent d’être en nombre et demandent que les salaires, gelés depuis plusieurs années, soient revalorisés. À l’hôpital, les agentEs, féminins dans leur grande majorité, sont sous-payés, au prétexte « des compétences naturelles » des femmes à prendre soin. Comme tout ce qui a trait au travail, reproductif et domestique, exercé encore très largement par les femmes, cette « qualification » n’a droit à aucune reconnaissance. Patriarcat et capitalisme font bon ménage !
Déficit permanent
Face à la colère qui monte, le gouvernement fait la sourde oreille en renvoyant vers sa réforme intitulée « Ma santé 2022 », et les directions locales font pression sur les agentEs pour affaiblir le mouvement. L’hôpital est étranglé par le mode de financement de ses activités. Une enveloppe fermée votée au Parlement, chaque année, fixe l’ONDAM, Objectif national des dépenses de l’assurance maladie, qui ne tient absolument pas compte des besoins sanitaires de la population. Ceux-ci augmentent en moyenne de 4,5 % mais la rallonge accordée n’était par exemple, cette année, que de 2,5 %. Cela conduit la Sécurité sociale à adapter son financement des activités hospitalières, en revoyant à la baisse la rémunération des actes de soin, portée en 2018 à 1,4 milliard d’euros. Cette baisse des tarifs, combinée à la tarification à l’activité, détermine une trajectoire financière qui précipite l’hôpital public dans un déficit permanent, dont il lui est impossible de se relever. Une aubaine pour le privé qui se développe et peut ainsi capter une partie de plus en plus importante des fonds de l’assurance maladie abondés par nos cotisations sociales, qui échappent encore en partie à l’avidité capitaliste.
Urgences, psychiatrie, gériatrie, même combat !
L’hôpital public est victime des « plans santé » successifs qui de réformes en lois accentuent sa précarité financière, dégrade les conditions de travail et la qualité des soins. Aujourd’hui encore, la seule voie pour gagner reste la convergence des luttes avec le soutien de la population. En ce sens, une délégation des urgences de l’hôpital Mondor a participé à la réunion publique de défense des services de gériatrie de l’hôpital Émile-Roux. En effet, le directeur général de l’AP-HP a décidé la fermeture de 1 000 lits de soins de longue durée au profit d’EHPAD dont les résidentEs échoueront aux urgences quand ils auront besoin de soins. Idem pour la psychiatrie dont les structures sont mises à mal.
Urgences, psychiatrie, gériatrie, même combat !
CorespondantEs