Sept fédérations syndicales appellent à une journée de grève et de manifestation le 15 mai prochain. Après l’annonce du plan d’économies de 50 milliards, plus que jamais les fonctionnaires refusent d’être sacrifiés sur l’autel de l’austérité.
Pour la deuxième fois depuis l’arrivée de Hollande, les fonctionnaires sont appelés à la grève le 15 mai prochain autour de deux revendications centrales : les salaires et l’emploi. En effet, comme sous le précédent quinquennat, ils restent l’une des principales « cibles ».
Baisse des salaires« Je sais ce que nous devons à nos fonctionnaires, si essentiels à la vie de ce pays. Chaque jour, ils agissent avec dévouement et sens du service public. Mais la situation nous oblige à leur demander de contribuer à notre effort commun. Nous confirmons le gel du point d’indice »... Valls le dit, c’est donc reparti pour un tour de vis salarial. Le gel du point d’indice est bel et bien confirmé pour 2015, le flou demeurant pour la suite du quinquennat. Pour la cinquième année consécutive donc, les 5,2 millions de fonctionnaires vont à nouveau voir leur pouvoir d’achat diminuer. Pour faire avaler la pilule, le gouvernement a précisé que « les règles d’avancement dans la fonction publique d’État » seront préservées. Mais concrètement cette annonce n’est qu’un subterfuge, car les promotions obtenues ne permettront plus d’améliorer la situation des agentEs, mais seulement de la maintenir à son plancher, puisque les bénéfices de l’avancement ne feront plus que compenser les pertes provoquées par le « gel ». Autant dire que les grilles de carrière de la fonction publique sont vidées peu à peu de leur substance. Au moment même de cette annonce, l’Insee sortait une note de conjoncture qui constate « une baisse des salaires nets moyens en euros constants dans les trois versants de la fonction publique entre 2011 et 2012 ». Dans le détail, on relève que, compte tenu de l’inflation et en euros constants, le salaire net moyen en équivalent temps plein a baissé de 0,8 % dans la fonction publique de l’État, de 0,5 % dans la fonction publique territoriale et de 0,6 % dans le secteur hospitalier public. En 2011 déjà, une étude du même institut évaluait à 0,8 % la baisse des salaires dans la fonction publique territoriale, où le taux de précaires est le plus important.
Et toujours moins d’emploisAvec toujours le même argument, « le redressement des comptes publics », les économies annoncées dans les trois fonctions publiques (État, hospitalière, territoriale) sont inédites : 19 milliards pour la fonction publique d’État, 10 milliards pour l’assurance maladie et 10 milliards supplémentaires pour les collectivités territoriales. Elles auront des conséquences dramatiques sur l’emploi et donc sur les missions des services publics. À l’État, ce sera la poursuite de la politique régressive en matière d’emplois et de restructurations sur l’ensemble du territoire. La MAP (modernisation de l’action publique) continuera son travail de sape dans le but d’atteindre l’objectif de réductions budgétaires. La santé ne sera pas épargnée, en particulier l’hôpital public. D’ores et déjà, Marisol Touraine a annoncé 2 milliards d’économies à réaliser dans les hôpitaux et dénoncé « le recours excessif aux médecins intérimaires » qui coûte trop cher... Mais pas un mot du sous-effectif permanent et général dans les hôpitaux publics qui met en danger la santé des patients et qui rend les conditions de travail des personnels de plus en plus insupportables. Quant aux collectivités territoriales, les économies vont passer par une réforme territoriale qui aura de graves conséquences pour l’ensemble des salariéEs. Ce sont des embauches massives qui seraient partout nécessaires aujourd’hui. C’est tout le contraire qui est à l’ordre du jour. Alors, inévitablement, ce plan d’économie programme une nouvelle dégradation des services publics, ainsi qu’une aggravation des conditions de travail de l’ensemble des fonctionnaires. Les raisons sont nombreuses pour que cette grève du 15 mai soit importante, et surtout qu’elle ait une suite à la hauteur des attaques.
Sandra Demarcq