Publié le Mercredi 17 avril 2024 à 09h00.

L’offensive gouvernementale contre les travailleurEs se poursuit, arrêtons-les !

Pas une semaine sans une annonce gouvernementale nous rappelant le cap fixé en janvier par Gabriel Attal. Le 10 avril, c’était donc, après Bruno Le Maire, au tour de Stanislas Guerini, ministre de la Transformation (sic !) et de la Fonction publique, de nous rappeler son action en faveur « du travail, pour qu’il paie mieux et toujours plus que l’inactivité — partout et pour tous », selon les mots du Premier ministre.

 

C’est toujours par le même tour de passe-passe de communication, usé jusqu’à la corde par la macronie, que les idées se retournent. Oubliée la casse des services publics, omise la politique d’embauche de contractuelLEs. Monsieur Guerini se fait passer pour un homme audacieux en déclarant vouloir lever « le tabou du licenciement dans la fonction publique », pour un homme moderne lorsqu’il dénonce « un système qui est resté bloqué dans les années 1980 », et pour un homme juste en affirmant qu’« en 2024 le salaire moyen des agents public est 5,7 % au-dessus du salaire de 2023, pour faire face à l’inflation conséquente ». On connaît la chanson !

Un agent sur cinq est contractuel

Il espère que cela va passer… mais la ficelle est un peu grosse ! D’abord, parce qu’il a choisi d’ouvrir par une provocation les pseudo-concertations préalables au dépôt de son projet de loi. Il confirme ainsi que le texte sera fondamentalement hostile aux agentEs du service public. 

Ensuite, parce que les dispositions permettant de licencier des fonctionnaires pour insuffisance professionnelle existent déjà. Et si l’État employeur n’en a que peu l’usage, c’est parce qu’il préfère s’affranchir complètement du statut en ayant recours de plus en plus à l’emploi précaire : unE agentE sur cinq est désormais contractuelLE.

Le jeu de dupes des rémunérations au mérite

Et puis, quoi que Stanislas Guerini en dise, le mauvais coup va porter sur la rémunération de celles et ceux qui assurent le service public. Celle-ci a évolué deux fois moins vite que la moyenne des salaires dans le privé au cours des dernières années. Le ministre affirme vouloir « mieux récompenser l’engagement et le mérite par la rémunération ». Mais comment croire à de pareilles déclarations d’intention alors que le gouvernement vient de supprimer 10 milliards d’euros de crédit à la fonction publique, et annonce des coupes plus drastiques encore pour le prochain budget ? 

Les primes au mérite sont déjà un jeu de dupe : les ratios d’agentEs plus ou moins méritantEs sont déterminés par avance, en ­fonction des enveloppes budgétaires — méthode d’évaluation d’ailleurs interdite par les tribunaux dans le privé. En donnant plus d’importance à ces mécanismes, au détriment de la progression à l’ancienneté, Guerini veut soumettre les agentEs publics à l’arbitraire des chefs, rebaptisés managers, casser les solidarités collectives et mettre en concurrence les agentEs. Les inégalités et discriminations, déjà fortes (les femmes perçoivent une rémunération globale inférieure de 11 % à celle des hommes dans la fonction publique), ­s’accroîtraient encore.

Nouvelle vague de l’offensive libérale

Austérité budgétaire, nouvelle contre-réforme de l’assurance chômage — alors que la ­précédente vient tout juste d’entrer en vigueur —, chasse aux pauvres et remise en cause de l’habitat social, telles étaient déjà les actions du gouvernement. L’offensive d’ensemble contre notre camp social se poursuit avec le projet de loi simplification qui vise à réduire encore le nombre de représentantEs des salariéEs et casser les garanties collectives dans le privé (voir page 6) et avec maintenant la casse du statut des fonctionnaires. 

Une offensive tout à la fois sonnante (et trébuchante) et idéologique ! Des salariéEs et des agentEs publics divisés, mis en concurrence sont une main-d’œuvre sur laquelle on peut faire davantage pression pour alimenter la machine à profits, pour privatiser ce qui peut l’être ! Une manne sur laquelle surf à longueur de journée les extrêmes droites et les médias inféodés. Face à la casse sociale et la « bollorisation » des esprits, il est temps de reprendre la main ! 

Des préavis ont d’ores et déjà été déposés dans la fonction publique étatique, territoriale et hospitalière, par la CGT du 15 avril au 15 septembre. Pour suivre la voie des travailleurEs allemands qui ont obtenu une augmentation de 340 euros minimum ? Mais aussi pour stopper leurs projets de société. Une mobilisation de notre camp tout aussi globale et coordonnée est nécessaire. Ils ne s’arrêteront que là où nous les arrêterons !