Une rafale de vent à 207 km/heure enregistrée dans le Finistère ! Record ou pas, la tempête Ciaran a dévasté le quart nord-ouest de la France et devrait se classer parmi les quarante tempêtes majeures depuis 1980. Elle a été suivie de peu par Domingos dans le quart sud-ouest. Au moins trois morts en France et plus d’une cinquantaine de personnes blessées.
Si Ciaran et Domingos n’atteignent pas le niveau de sévérité de Lothar et Martin de décembre 1999, c’est parce qu’elles n’ont pas touché l’ensemble du territoire. En 1999, 3,45 millions de foyers avaient été privés d’électricité et il avait fallu une semaine pour un retour à la normale. Un délai dont s’étaient alors félicités les pouvoirs publics, fiers des services publics. Une autre époque !
Cette année, sur un territoire plus restreint, ce sont plus de 1,2 million de foyers qui ont été privés d’électricité. Quatre jours plus tard, le 6 novembre au matin, seuls 126 000 foyers restaient sans courant. Les 4 400 agentEs d’Enedis, entreprise toujours à 100 % sous le contrôle de l’État, ont œuvré durant tout le week-end pour rétablir le courant.
Cependant, bien peu de représentantEs politiques ou d’éditorialistes ont applaudi le travail effectué, dans des conditions parfois difficiles, des agentEs du service public, travail qui a coûté la vie à l’un des leurs samedi soir à Pont-Aven.
Les tenants de la libre concurrence imaginent-ils vraiment qu’une entreprise privée entièrement soumise à la rentabilité et à la concurrence aurait eu la même capacité d’intervention ?
Ce qui reste du service public de l’électricité a bel et bien été utile, et même indispensable pour faire face à de tels dégâts. Il en est de même pour d’autres services publics mobilisés, tels Météo-France, en matière d’alerte des risques, et l’ONF (Office national des forêts), pourtant inquiet de sa privatisation rampante.
À l’inverse, l’exigence de rentabilité des assureurs devient un véritable obstacle. Contre l’individualisation des risques, la mutualisation sous le contrôle de la collectivité devrait être la règle.
Face aux catastrophes naturelles qui se répètent, fruits pourris du réchauffement climatique, nous avons besoin de services publics forts. Ils sont les premiers jalons d’une société pleinement solidaire.