Entretien. Depuis le 16 mai, les salariéEs de GEG (Gaz Électricité de Grenoble) s'opposent à un « plan de performance » qui menace salariéEs et usagerEs, et posent des questions de fond sur le service public, l'énergie et les politiques municipales socialistes. Sophie Cavagna, élue CGT, précise ces enjeux.
Comment a démarré le mouvement à GEG ?GEG est une Société d'économie mixte. L'actionnaire majoritaire est la ville de Grenoble, puis GdF-Suez. Fin 2012, la direction a présenté son projet stratégique industriel, annonçant un plan de performance. Il faudrait faire des économies, suite à la loi NOME (nouvelle organisation du marché de l'électricité). On a découvert ce plan le 16 mai. Il consiste à trouver 4 millions d'économies par an à partir de 2017, 2 millions dès 2014. Ce sont 61,5 postes qui seront supprimés, 14% de l'effectif, et l'externalisation en masse de services qu'on assure aujourd'hui dans la proximité.Nous contestons la légitimité de ce projet. Tout a été fait dans le secret, aucune organisation syndicale n'a été sollicitée. La direction refuse de nous informer sur les éléments financiers qui les ont conduits à ce plan. Nous, on veut pouvoir proposer des solutions alternatives pour préserver l’emploi et le cœur de métier de GEG, ce qui fait notre force ! Pour les y obliger, on les a emmenés sur un « droit d'alerte » (procédure alertant sur des pratiques dangereuses de l'entreprise). On espère ainsi obtenir toutes les pièces qu'ils ne veulent pas nous remettre.
Quelles seraient les autres conséquences de ce plan ?Ce projet va dénaturer le service public de distribution de l'énergie à Grenoble, on va perdre en qualité de service, en proximité, en réactivité. Par exemple, ils veulent externaliser totalement la relève des compteurs, les appels clients de souscription et résiliation, les dépannages de nuit... L'externalisation, on le sait, ça amplifie la précarité des salariéEs. Dans le dossier, il y a des arguments odieux : les appels, c'est un travail pénible, alors on les va refourguer à d'autres... Donc ces autres salariéEs, eux, ce n’est pas grave s’ils souffrent...
Comment se passe le mouvement ?La CGT, est le seul syndicat dans l'action, à avoir déposé un préavis de grève. Les salariéEs ne sont pas en grève en permanence : il y a des journées d'action. On informe régulièrement en assemblée générale. On défile très régulièrement. Sur les marchés, les lieux de passage, on a un très bon accueil de la population qui s'inquiète pour les services publics. On a lancé une pétition (http://gegcgt.blogspot.fr) qui nous permettra de provoquer un débat public.Au niveau politique, on a été reçuEs par Destot, député-maire PS de Grenoble : ça a été une mascarade complètement stérile. On a demandé ce qui les avait convaincus de cautionner, en tant qu'élus de gauche, 62 suppressions d'emploi et l’externalisation. Ils n'ont pas répondu, disent juste qu'ils cautionnent le plan. On est ressortiEs encore plus remontéEs. Le fondement de ce plan est global. De grosses réformes sont en cours chez Gdf-Suez, supprimant des postes, et ils veulent nous les appliquer. Nous sommes aussi convaincuEs que la mairie défend le plan dans le cadre des débats en cours sur la régionalisation de la distribution de l'énergie. Elle veut baisser la masse salariale.
Quelles sont les perspectives ?Le CHSCT a été sollicité, il y a une expertise en cours sur l'impact de ce plan sur les conditions de travail et de sécurité. La direction nous a annoncé qu'au mois d'août on serait plus ou moins en pause. Donc on imagine qu'on sera encore dans la mobilisation en septembre.
Propos recueillis par J. Rostier