Depuis deux semaines, le personnel de la Culture se bat pour défendre ses emplois. La grève reconductible, partie du Centre Pompidou, s’est étendue. Une lutte importante et symbolique qui concerne toute la Fonction publique. Suivant l’exemple du Centre Pompidou, le mouvement de grève s’est étendu à d’autres établissements publics de la Culture, comme le musée d’Orsay, le château de Versailles, le Louvre, la Bibliothèque nationale de France. Il touche aussi les régions, principalement les Directions régionales des affaires culturelles (Drac), mais aussi le château de Carcassonne, le musée d’archéologie de Saint-Germain-en-Laye, le château de Compiègne, etc. Tous sont mobilisés contre l’application de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), cette « réforme » du gouvernement qui s’attaque frontalement à l’ensemble de la fonction publique d’État, territoriale et hospitalière. Comme pour d’autres secteurs (Éducation, Poste, EDF, télécommunications, transports, etc.), cela passe par une dégradation des services rendus, ouvrant la voie à la privatisation des activités les plus profitables et à la disparition de nombreuses autres. Les salariés de Centre Pompidou se sont mis en grève car la RGPP s’attaque aux postes et budgets du Centre, de la Bibliothèque publique d’information (BPI) et du bureau de Poste du Centre. Ces attaques prennent la forme d’« audits flash », très coûteux, réalisés par la société Cap-Gemini, qui soumettent les établissements à une pure logique comptable où la qualité du service et son bon fonctionnement ne sont jamais pris en compte. La RGPP impose le non-renouvellement d’un départ en retraite sur deux et des coupes budgétaires importantes à tous les établissements publics, sans se soucier des répercussions sur les services rendus. Au Centre Pompidou, cela se traduira pour 2010 par 26 suppressions d’emploi. À la BPI, où 82 agents sur 247 ont plus de 55 ans, c’est plus de 40 postes qui vont disparaître dans les prochaines années. Les postes vacants risquent d’être occupés, quand ils le seront, par des personnels contractuels non fonctionnaires, donc sans garantie d’emploi et avec moins de protection en termes de conditions de travail. Comment croire que l’on peut offrir un meilleur service public avec moins de professionnels ? Comment garantir de bonnes conditions de travail en employant des travailleurs précaires ? Pour que le service public soit de qualité, il a besoin de personnels dont la qualification est reconnue (par concours pour les fonctionnaires) et non de salariés exploités, corvéables à merci. Les services publics doivent être présents sur tout le territoire, et pas seulement où cela rapporte de l’argent, laissant des territoires entiers privés de tout service public de proximité. C’est pour toutes ces valeurs que se bat aujourd’hui le personnel de la Culture. Au Centre Pompidou, il le paye cher puisque les grévistes ont appris que les prélèvements sur salaire des jours de grève seraient effectués dès décembre, à la demande du ministère, pour tenter de dissuader les plus téméraires à l’approche de Noël. Dénonçant le refus du ministère de discuter, l’intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, FSU, FO, SUD, Unsa), réunie le 7 décembre en assemblée générale devant le Centre Pompidou, a appelé à l’intensification et l’élargissement du mouvement. Contre cette attaque générale qui concerne toute la fonction publique, il faut une réponse générale de l’ensemble des services publics. Le personnel de la Culture seul ne pourra gagner contre le rouleau compresseur gouvernemental. Yannick Henrio