Depuis mars, tous les lieux de culture sont fermés. Des musées aux salles de spectacle, des lieux associatifs aux grands opéras, tous les contrats sont en suspens ou bien rompus. Les écoles quant à elles se sont maintenues sans aucune homogénéité, ouvertes ou non, alternant parfois présentiel et distanciel mais en assurant toujours leur sélection drastique et leurs partiels comme à l’École du Louvre, l’ENSCI, Duperré ou encore les Beaux-Arts.
Un secteur à l’arrêt forcé
Parmi les premierEs à faire les frais de la gestion erratique de la crise sanitaire par le gouvernement, qui oscille entre mesures répressives et déconfinements austéritaires sans jamais remettre sur la table la question du secteur culturel, on trouve les précaires qui font vivre le milieu des arts et de la culture. Ces ouvreurEs, vacataires, CDD, des postes majoritairement occupés par des jeunes scolarisés sont aujourd’hui totalement mis sur le carreau dans le silence le plus total. La vague de suicides que connaît le milieu étudiant depuis quelques semaines n’est que le reflet d’un mal-être préexistant et accentué par les ravages de la crise sanitaire et de sa gestion catastrophique. L’absence de repères, de sens ou d’un quelconque avenir est aussi le lot du secteur culturel dont la date de réouverture a encore une fois été repoussée aux calendes grecques. L’agonie que vivent ces milliers de jeunes plongés dans une précarité accentuée par la crise ne trouve aucun horizon dans un secteur à l’arrêt forcé, choix délibéré d’un gouvernement qui place les intérêts des patrons du CAC 40 au-dessus des aspirations à la culture d’une société en détresse.
Dans le même temps, ce sont des partiels extrêmement sélectifs que subissent les jeunes en école d’art, d’histoire de l’art et de design, sous prétexte d’un « enseignement d’élite » qui ne permet clairement plus d’obtenir un travail quand on sait que 46 % des jeunes ayant un bac + 5 sont aujourd’hui au chômage1.
Un plan d’urgence à la hauteur
Dans cette situation, la culture et sa jeunesse ont besoin d’un plan d’urgence à la hauteur :
– Une allocation à hauteur du SMIC, financée par un impôt fortement progressif sur les grandes fortunes, pour touTEs les précaires de la culture dont le revenu n’est plus assuré, étudiantE ou travailleurE ;
– Une réouverture des lieux culturels avec des protocoles sanitaires décidés dans des commissions souveraines composées à majorité de travailleurEs ;
– L’arrêt de la sélection à l’entrée des écoles d’art et une validation automatique dans l’enseignement supérieur.
Nous ne serons pas celles et ceux qui paieront leur crise ni par nos emplois ni par notre jeunesse volée. À l’instar de la mobilisation du 15 décembre où nous défilions par dizaines de milliers partout en France, défilons aux côtés des travailleurs en lutte pour l’emploi et contre une précarité imposée par un gouvernement qui ne cesse les cadeaux aux grands patrons.
- 1. Selon un sondage réalisé fin décembre par Episto pour le compte de Syntec Conseil, 46 % des jeunes n’avaient toujours pas trouvé de travail six mois après avoir décroché leur diplôme bac +5, contre un sur quatre avant la crise sanitaire.