Lorsque la situation de pandémie a été annoncée en France, le groupe La Poste a fait le minimum vis-à-vis des postierEs et de la responsabilité sociale qui consiste à prendre des mesures pour enrayer la contamination.
Ce sont les postierEs eux-mêmes qui ont dû se défendre en refusant de faire certains services qui les mettaient en danger, eux et la population, par exemple la distribution à l'étage ou des services non-essentiels aux guichets.
Le droit de retrait pour se défendre
Sur de grands sites comme le centre de facteurs des 11ème et 20ème arrondissements où travaillent 350 postierEs, un avis de danger grave et imminent a dû être déposé pour obliger La Poste à faire rentrer chez eux les collègues fragiles face au virus et à réorganiser le service. A l'annonce de deux cas de Covid-19 le 19 mars, nous avons été 50 à exercer notre droit de retrait. La direction a mis 10 jours pour faire désinfecter le site alors que des collègues y travaillaient encore ! Et les collègues en retrait ont été menacés de se voir retirer leur paie...
Sur tout le territoire, ce sont des milliers de postierEs qui ont dû exercer ce droit face à l'attitude irresponsable de la direction. Gel et gants distribué au compte-gouttes, pas de masques, pas de distanciation possible bien souvent dans les centres. Les ordres de la direction nationale, c'était de nous répéter les gestes barrière et de répéter comme les autorités que les masques ne servaient à rien.
Le service public a bon dos
Face à la réalité du confinement et à la réaction des agents, La Poste a du tout de même revoir le service, fermer des guichets ou réduire la distribution et collecte de courrier. Mais elle a gardé en ligne de mire tout du long ses profits à venir, notamment au secteur des colis qu'elle brigue à des concurrents comme Amazon.
Dans les médias, le groupe a fait sa campagne sur le « service public » qu'elle casse depuis des années en fermant guichets par milliers sur tout le territoire et en supprimant 100 000 emplois en 15 ans. Mais à aucun moment la direction n'a planché sur les services minimum vraiment indispensables.
Une « com’ » révoltante
Le ministre de l'économie, Bruno Lemaire s'est fendu d'une lettre plutôt menaçante sous forme de « félicitations » aux postierEs pour dire que nous étions « vitaux » dans les communes les plus reculées – là où La Poste ferme ses services ! – et qu'il ne fallait pas exercer notre droit de retrait.
Alors que la plupart des postiers travaillaient sans masque, le président de La Poste Philippe Wahl a fait don publiquement de 300 000 masques au ministère de l'Intérieur et s'est pavané au guichet de la Butte-aux-Cailles à Paris muni bien entendu du fameux masque (sur le cou) dont le manque est criant partout, à commencer dans les hôpitaux.
Les profits avant tout ?
Aujourd'hui il y aurait au moins 500 cas de Covid-19 à la Poste – chiffres récoltés par des syndicats car la direction fait tout pour cacher le nombre de collègues infectés – et la Poste menace les agentEs confinés ou ceux qui sont encore en retrait pour qu'ils reprennent le service. Sous la pression des grands patrons de la presse comme Bernard Arnault ou Dassault, le groupe fait notamment distribuer les journaux par des intérimaires dont certains sont issus de sa filiale Médiapost. Il est fort à parier que ces collègues travaillent dans des conditions inacceptables et soient forcés de remplacer les agents absents au pied levé.
La Poste fonctionne donc comme toutes les entreprises qui demandent aux autorités de continuer à faire des affaires. Elle vient d'ailleurs de demander de faire partie des services essentiels pouvant appliquer les dérogations au code du travail annoncées par le gouvernement : rallonge du temps de travail, remise en cause des repos entre autres...
Conclusion : seuls les postierEs peuvent décider des conditions de travail acceptables dans cette crise sanitaire et du service urgent à la population. La direction, elle, est au contraire un vrai danger public !