Publié le Jeudi 25 septembre 2025 à 09h00.

Le chantage des agences de notation pour imposer l’austérité !

Après que l’agence Fitch a dégradé le 12 septembre la note de la France, de AA à AA –, Morningstar a suivi le 19 septembre en la ramenant à AA, invoquant une trajectoire « d’assainissement budgétaire » plus lente que prévu. Conséquence : les taux d’intérêt exigés par les marchés risquent d’augmenter, ce qui alourdit la charge de la dette et entretient un cercle vicieux. Comme toujours, ces agences privées, sans aucune légitimité démocratique, appliquent une grille de lecture néolibérale : elles « récompensent » les gouvernements qui imposent l’austérité et sanctionnent ceux qui ne coupent pas assez vite dans les dépenses sociales.

On nous répète que la dette est « insoutenable » : plus de 3 300 milliards d’euros, 113 % du PIB, le plus haut taux d’endettement depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais les intérêts représentent à peine 2 % du PIB, bien moins que dans les années 1990. La dette d’un État n’a rien à voir avec celle d’un ménage : l’État ne rembourse jamais intégralement, ce qui lui permet de « rouler » sa dette, émettant de nouveaux emprunts pour remplacer les anciens. Et surtout, alors qu’un ménage ne peut pas choisir son niveau de revenu, un État, lui, a les moyens de fixer ses recettes !

Une crise fabriquée par Macron et les cadeaux au patronat

Si la dette a explosé depuis 2017, ce n’est pas à cause des dépenses publiques mais, c’est dû à la chute des recettes : suppression de l’ISF, baisse de l’impôt sur les sociétés, exonérations en pagaille. Autant de milliards offerts aux riches et aux patrons. La logique voudrait donc d’aller chercher l’argent là où il est : dans les profits et les grandes fortunes. La proposition de taxe « Zucman » de 2 % sur le patrimoine des ultra-riches n’est qu’un minimum syndical ! En 2023, un rapport sénatorial indiquait que 211 milliards d’euros d’aides publiques avaient été versés aux entreprises. Pendant que les hôpitaux et les écoles manquent de moyens, les multinationales encaissent subventions et niches fiscales, licencient à tour de bras et arrosent leurs actionnaires. Voilà où part l’argent public. Pas chez les prétenduEs « assistéEs ».

Annuler la dette illégitime

Pourquoi continuer à verser 55 milliards d’intérêts par an aux créanciers privés ? Ces intérêts sont un impôt déguisé au profit du capital, qui dégrade les finances publiques pour enrichir les banques et les fonds d’investissement. C’est pour cela que le NPA exige un audit démocratique de la dette illégitime — née des cadeaux fiscaux et des spéculations — dans l’objectif de l’annuler. Pour cela, il faudra rompre avec les traités européens et le carcan de la BCE, dont la politique monétaire tend à imposer des politiques néolibérales, sans jamais prendre en compte les besoins sociaux.

Socialiser les banques et l’économie

Oui, il faut augmenter les salaires et financer massivement les services publics. Nous défendons ces mesures, avec les autres organisations de la gauche de rupture, parce qu’elles sont vitales pour notre camp. Mais nous ne pensons pas qu’elles permettraient de sortir de la crise. Une simple politique de relance économique dans le cadre du capitalisme ne suffira pas : elle risquerait même d’alimenter l’inflation tout en tirant les taux de profit vers le bas, ce qui ne résoudrait pas la crise du capitalisme qui découle notamment des faibles gains de productivité. 

Il n’y a pas de politique qui serait gagnant-gagnant pour le patronat et les travailleurEs. Soit les profits sont rétablis par l’austérité et l’écrasement des salaires, soit on prend largement sur les profits pour satisfaire les besoins de la population, ce qui accentuerait la crise du capitalisme et poserait ainsi la question d’une autre organisation de l’économie. C’est pour cela que nous défendons également l’instauration d’un monopole public bancaire, la socialisation des grandes entreprises, le développement de nouvelles sécurités sociales — de l’alimentation, du logement — financées via des cotisations sociales.

Ces mesures ne se négocieront pas dans les couloirs des ministères : elles nécessitent un rapport de force, un mouvement social massif, une confrontation avec le capital. 

Sorel